Si l'on prend une période plus longue – trente ans –, la période qu'évoquait François Fillon dans son discours sur la faillite, le résultat n'est guère modifié. Depuis 1981, la gauche et la droite se sont à peu près partagé le pouvoir : près de quinze ans chacune. Au cours de cette période, la gauche n'a dépassé le critère de 3 % de déficit que trois années seulement sur les quinze où elle a gouverné ; la droite a dépassé ce critère douze années sur seize. Là encore, les déficits excessifs, ce n'est pas la gauche, c'est la droite !
Ma deuxième remarque, c'est que la crise n'est pas la principale responsable de l'endettement.
Sur les 140 milliards de déficit de l'année 2010, seuls 40 milliards, selon la Cour des comptes, résultaient de la crise, c'est-à-dire étaient, comme dit la Cour, de nature conjoncturelle. Le reste, 100 milliards, représentait un déficit structurel, c'est-à-dire celui que la France aurait eu si la croissance était restée égale à la croissance potentielle, autrement dit si la crise n'avait pas eu lieu.
Il suffit d'ailleurs de comparer notre situation à celle de nos voisins allemands pour réaliser que la crise n'est pas la principale cause des difficultés de notre pays.
En 2005, la France et l'Allemagne étaient toutes deux en déficit excessif : plus de 3 % du PIB. Mais, alors que l'Allemagne a profité de la période de croissance qui précédait la crise pour ramener son déficit à zéro en 2007 et 2008…