Je concentrerai mon propos sur la ligne D du RER, qui dessert notre agglomération. Exploitée par la SNCF, cette ligne accueille 550 000 voyageurs par jour et a vu sa fréquentation croître de 40% en huit ans. Aujourd'hui, plus de 20 % des trains ont systématiquement plus de cinq minutes de retard. Aux heures de pointe, il y a donc du retard tous les jours.
Une des raisons de cette dégradation est l'absence d'investissements durant les dernières décennies. Toutefois, la ligne ayant été jugée sensible par le STIF, plusieurs plans ont été mis en oeuvre. Le premier, le plan d'investissement 2007-2014, n'a apporté que des corrections marginales et ses résultats seront notoirement insuffisants. La deuxième tranche, 2014-2020, outre que ses résultats sont lointains, est conditionnée à des investissements et des mobilisations financières encore incertains.
Sénart abrite 100 000 habitants et 40 000 emplois. En outre, 40% des habitants travaillent à Paris ou dans sa proche couronne. Ils doivent donc emprunter la ligne D et sont confrontés tous les jours au manque de fiabilité de cette section du réseau. Pour illustrer le défaut d'investissements, sachez que l'on y voit encore circuler des trains « petits gris », qui ont plus de cinquante ans.
La ville nouvelle de Sénart étant une opération d'intérêt national, l'État et la région nous demandent de réaliser des logements : nous en construisons donc mille par an. Bien entendu, les élus lient logement et emploi, si bien que nous créons également mille emplois par an. Cependant – et c'est nouveau –, des responsables d'entreprise nous disent ne pas vouloir s'implanter sur notre territoire en raison de l'absence de fiabilité du RER D, qui serait pénalisante pour leurs salariés comme pour leurs clients.
On nous a fixé pour objectif d'atteindre, en 2025, 150 000 habitants et 60 000 emplois. Cela implique un équilibre entre le logement, les services, l'emploi et les transports. À cet égard, la ligne D, qui permet le raccordement de notre agglomération à Paris et à la proche banlieue, représente un élément fondamental, un axe majeur de notre développement.
Dans le cadre du projet « Grand Paris », la priorité doit être donnée à la rénovation des RER. Les plans de cette rénovation doivent être clarifiés et faire l'objet d'engagements fermes, assortis d'objectifs plus précis.
J'en viens au problème de la gouvernance. Je participe assidûment aux comités de ligne organisés par le STIF et qui réunissent également la SNCF et RFF – par chance, la RATP n'est pas concernée par la gestion de notre ligne. Nos interlocuteurs sont mobilisés et ont de bonnes intentions, mais on sent une absence de fil conducteur, de coordination. Il est nécessaire d'avoir un pilote et un opérateur, mais pas davantage.
En ce qui concerne le financement, il est indispensable de confirmer la mobilisation en faveur du doublement du tronçon entre la gare de Lyon et Châtelet, compte tenu de l'importance de la section centrale, soulignée par M. Lamy.
Vous vous interrogez sur les solutions qui pourraient être envisagées à titre transitoire. L'une d'elle serait l'organisation de liaisons semi directes vers Paris. Cela n'impliquerait pas une augmentation du rythme de circulation des rames, mais permettrait de mieux répartir l'effort et d'améliorer la qualité du service. La même décision pourrait concerner la branche desservant Corbeil et Évry.
Il existe une autre solution, à moyen terme, liée à la validation par RFF de l'implantation d'une gare TGV à Sénart – obtenue grâce à l'unité sans faille des conseils généraux de la Seine-et-Marne et de l'Essonne et des collectivités de ce qu'on appelle le « quadrant sud-est » : c'est-à-dire Sénart, Melun, Évry et Corbeil. Non seulement ce projet va améliorer l'attractivité de cette partie de la région parisienne, mais il rend possible la création de navettes que l'on pourrait appeler « RER-GV », susceptibles de relier Massy, Orly, Sénart, Marne-la-Vallée, Roissy et, peut-être demain, Cergy – une telle mesure permettrait d'alléger le trafic sur le réseau express régional.
Quant au projet du Grand Paris, il concerne avant tout les transports, les logements et l'emploi. Or les gisements de logements et d'emplois se trouvent surtout en Grande couronne. Le Grand Paris ne peut donc pas se faire sans celle-ci, et donc sans la rénovation des lignes RER, la D comme les autres.