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Intervention de Emmanuel Lamy

Réunion du 25 janvier 2012 à 18h00
Commission d'enquête relative aux modalités, au financement et à l'impact sur l'environnement du projet de rénovation du réseau express régional d'Île-de-france

Emmanuel Lamy, maire de Saint-Germain-en-Laye :

Je partage assez largement l'analyse de M. Lefebvre sur la situation de la ligne A.

Je rappelle toutefois que c'est en 1972 que le RER a atteint Saint-Germain-en-Laye et il a été une source de progrès considérable pour la commune, contribuant au développement de cette sous-préfecture à la tête du plus grand arrondissement de France.

Pourtant, aujourd'hui, nous sommes revenus, toutes choses égales par ailleurs, à la situation de 1837 ! En effet, contrairement à ce croit M. Lefebvre, tous les trains marqués « Saint-Germain » ne vont pas jusqu'à cette ville. La plupart s'arrêtent à La Défense, à Rueil, et surtout à la gare du Vésinet-Le Pecq. En fait, un train sur six parvient à Saint-Germain – un sur quatre à certaines heures car j'ai obtenu que soient « glissés » quelques trains supplémentaires dans le prochain schéma directeur de la ligne A mais, au moindre incident, ce sont les premiers supprimés.

Ainsi, après avoir représenté un progrès fantastique, le RER est devenu une sorte de noeud coulant pour Saint-Germain et pour les communes aux alentours. Quand il fonctionne, c'est formidable ; dans le cas contraire, c'est épouvantable ! On peut d'ailleurs en dire autant dans toutes les villes qu'il dessert.

À l'été 2008, jugeant la situation insupportable, un certain nombre d'élus de toutes tendances ont bien voulu me rejoindre au sein d'un collectif informel. Après avoir rencontré tous les décideurs concernés, nous avons publié un livre blanc qui a eu un certain écho.

Aujourd'hui, et malgré les décisions qui ont été prises, la situation n'a pas fondamentalement évolué, ce que nous avons beaucoup de mal à expliquer à nos administrés. Bien sûr, certaines annonces, comme l'acquisition de nouvelles rames, mettent en jeu l'industrie et leur concrétisation demande du temps. Nous comprenons également que certaines sections soient prioritaires. Mais, bien que tous les incidents soient répertoriés par un collectif appelé « Ma ligne A » et que la RATP ait accepté de jouer le jeu, rien n'a véritablement changé au quotidien. On a un sentiment d'impuissance. Cela ne peut qu'accroître la frustration.

Quand on peut expliquer pourquoi les choses se passent mal, les usagers l'acceptent ou ne l'acceptent pas, mais au moins un dialogue s'établit. En l'espèce cependant, nous ne le pouvons pas. Il est par exemple impossible d'expliquer les problèmes de gouvernance et le fait que deux sociétés publiques se disputent le réseau. En outre, même lorsqu'on parvient à identifier les problèmes, la RATP ne peut pratiquement rien faire. La situation ne pourra se débloquer que très lentement.

La raison de cette lenteur, c'est que nous sommes toujours « en retard d'une guerre » : certes, les lignes A et B connaître des améliorations mais, dans le même temps, les populations concernées vont continuer d'augmenter, si bien que les gains obtenus seront absorbés par cette croissance démographique. C'est pourquoi je lance l'alerte : la territorialisation des objectifs de logement et le Grand Paris sont des idées formidables, mais il ne faut pas oublier que la Grande couronne est totalement dépendante des transports collectifs. Si la population s'accroît sans que ces moyens soient développés, la thrombose est inévitable. Et, dans ce cas, la réaction des usagers peut être très violente, même à Saint-Germain-en-Laye qui a l'image d'une ville policée !

Comment sortir de cette situation ? Tout d'abord, il faut être extrêmement prudent à l'égard des objectifs de territorialisation et éviter une augmentation inconsidérée et trop rapide du nombre de logements. Mieux vaut raisonner en termes de réseaux, brancher le RER A, notamment à l'ouest et au nord, sur les tangentielles ferrées, donner des alternatives aux voyageurs. Par ailleurs, il faut se concentrer sur certains noeuds. Ainsi, si peu de trains vont jusqu'à la gare de Saint-Germain, c'est parce qu'elle est ancienne et inadaptée. On ne peut pas y effectuer des retournements, à moins de bloquer la ligne à 500 mètres le temps que la rame change de voie.

Une autre raison du manque de trains à Saint-Germain tient à la gestion de la section centrale. C'est une évidence, mais elle est peu soulignée : pour assurer des fréquences exceptionnelles sur la section centrale de la ligne A, il est impossible d'envoyer toutes les rames aux extrémités du réseau. Il faudrait augmenter leur nombre mais, dans ce cas, il n'y aurait plus la place de les faire circuler. Il existe donc un lien direct entre la fréquence des passages en section centrale et l'irrigation des extrémités. Le problème peut être réglé notamment par une augmentation de la capacité unitaire des rames.

À Saint-Germain comme ailleurs, nous voulons rendre un peu d'espoir à nos habitants. Cela implique l'utilisation de rames à double niveau, mais aussi le développement d'Éole : sans cette ligne qui peut seule permettre le doublement de la capacité sur la branche ouest du RER A, les gains obtenus grâce aux nouvelles rames seront absorbés en quelques années.

Il faut donc de nouvelles infrastructures, un raisonnement fondé sur les réseaux et une nouvelle gouvernance, susceptible de donner aux usagers des espoirs d'amélioration. Aujourd'hui, tout est flou, et on ressort de chaque réunion avec la RATP – même si nos relations avec la Régie sont plutôt bonnes – avec un sentiment d'impuissance.

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