Quelle est, en pourcentage, la part des investissements pour le RER dans le budget régional ?
Les rames construites par Bombardier sont destinées au Transilien et non au RER, mais en ce domaine, la répartition, souvent mutualisée, s'apparente à un jeu de go. Les premières rames Bombardier ont été inaugurées à Luzarches ; depuis, les incidents liés aux conditions météorologiques se multiplient, et les livraisons ont pris du retard. On n'entend plus parler, notamment, de nouvelles rames pour la ligne D. Les retards seront-il rattrapés, et si oui, sous quels délais ?
L'interconnexion, par le maillage radial qu'elle a permis, a fait la réussite du RER. Or, le Grand Paris est essentiellement structuré selon un axe nord-sud ; pour le reste, il s'agit essentiellement de rocades. Doit-on selon vous, d'ici à 2025, conserver les interconnexions actuelles ? Faut-il que ligne D du RER garde sa longueur de cent kilomètres ? Est-il absolument nécessaire de construire le tunnel sous le Châtelet, pour un coût qui risque de dépasser les 2 milliards annoncés ? Des réponses à ces questions dépendent la programmation des investissements et les schémas de transports. J'ajoute que, le cadencement étant fixé, on ne reviendra pas sur les sillons avant deux ans.
S'agissant de la desserte de Roissy, quelle est la vision stratégique ? Dans le cadre de Paris Métropole, M. Le Bouillonnec et moi avons lancé un groupe de travail sur la desserte aéroportuaire. La question est de savoir qui, de la SNCF ou de la RATP, assurera cette desserte sans rupture de charge – là est peut-être, d'ailleurs, l'explication de la rupture de charge de la ligne 14, même si la RATP trouve toujours le moyen de la justifier. Beaucoup d'acteurs ont le sentiment que la RATP veut abandonner le terrain à la SNCF. La desserte des trois grands aéroports franciliens, qui contribuent grandement à la puissance économique de la région, est-elle une priorité stratégique ? Fera-t-on traîner les arbitrages au profit des débats d'experts ?
À ce sujet, l'expertise indépendante vous semble-t-elle suffisante ? Les experts, intimement liés aux exploitants, ne sont pas responsables des devis qu'ils établissent, comme Mme Lepetit vient de le souligner. Quelles sont les capacités d'expertise internes du STIF et de la région ? N'y a-t-il pas des insuffisances à ce niveau ? Le tunnel du Châtelet, par exemple, nous est présenté comme « la » solution. Pour ma part je doute, non seulement du projet, mais aussi de son coût.
Le nord de l'Île-de-France touche au sud de la Picardie, que dessert la ligne D du RER. Le projet de liaison Roissy-Picardie, dont le financement doit être assuré par les deux régions, est une question brûlante. Les habitants de la Picardie auront-ils droit à la carte orange sur le RER D ? En contrepartie, les TER s'arrêteront-ils dans le Val-d'Oise ? Nous n'avons pas eu de réponse à ces questions. Les usagers attendent des solutions en termes de confort, de mutualisation et de rapidité des transports.
Dans la grande couronne, qui ne dispose pas de voies rapides comparables à la Francilienne, les programmes de voirie sont interrompus. Or, sans infrastructures autoroutières, le maillage du territoire est impossible. Même si de telles réalisations ne sont guère évidentes sur le plan politique, leur absence pénalise d'abord les populations les plus défavorisées, qui n'ont pas les moyens d'habiter dans les zones centrales.