Je puis vous faire part de mon expérience. Président du groupe ABRF qui comporte deux entités dédiées à la maintenance et à la construction de wagons, j'aimerais vous parler de la construction de matériel de fret. Beaucoup a été dit sur la nécessité de pérenniser l'emploi industriel en France et de sauvegarder notre savoir-faire dans les domaines de la maintenance et de la construction de wagons neufs. Il ne reste en effet que trois constructeurs de wagons en France : le site d'Arbel Fauvet Rail à Douai, que vous connaissez bien, monsieur le président ; celui de Châteaubriant, si chaleureusement défendu par votre collègue Michel Hunault ; enfin, celui de SDHF dans le Loiret. On peut, certes, ajouter à ces sites ceux des Ateliers d'Orval et de Ferifos, qui dépendent du groupe fret SNCF, Ermewa. En fait, le savoir-faire est en train de disparaître.
Les entreprises sont en voie d'asphyxie, alors même qu'il faudra renouveler un parc de matériel vieillissant. Au reste, pour ne pas que disparaissent des entreprises faute de commandes passées à temps, mieux vaut prévoir un renouvellement par tranches de ce matériel, et même définir une véritable stratégie industrielle en matière de construction de wagons. Nous aurons besoin de wagons neufs, et de wagons neufs de qualité – même s'il s'agit de fret, il faut bien que les wagons roulent !
La concurrence des pays de l'Est constitue un vrai problème, dans la mesure où nombre d'entre eux se sont tournés vers le low cost, avec toutes les conséquences que l'on connaît sur nos emplois. Toutefois, on en revient aujourd'hui, car il apparaît que les wagons conçus et fabriqués selon des méthodes low cost offrent une moindre sécurité, comme l'ont démontré des incidents récents. Bref, la construction de wagons à l'Est est devenue un faux problème. Nous avons chez nous des entreprises qui sont capables de produire des wagons de qualité. Ne les laissons pas mourir ! Nous comptons sur vous pour leur donner les moyens de survivre !