Une mission d'expertise menée avec le ministère avant l'épidémie avait permis d'évaluer la capacité d'accueil des services de réanimation et de soins intensifs en cas de pandémie. Si celle-ci avait vraiment touché 30 % de la population, avec un taux de mortalité de 5 %, je ne suis pas sûr, en vérité, qu'on n'aurait pas été, à un moment, débordé puisque, avec l'épidémie qu'on a connue, même si les services n'ont pas été saturés, ils étaient, dans de nombreux cas, pleins. Cela nous a donné une idée de ce que peut être une pandémie virale, et des mesures à prendre dans ce cas.
Pour compléter ma réponse à M. Jean-Pierre Door, je précise que les internes, les externes et les élèves infirmiers ne devaient pas sortir des hôpitaux. Les secteurs avaient bien été catégorisés : l'hôpital recevait les malades avérés, la vaccination avait lieu à l'extérieur. L'idée, qui est assez logique, était de ne pas modifier les flux : on ne devrait pas faire entrer des populations à l'intérieur de l'hôpital pour les vacciner où étaient soignés des malades graves atteints d'une pandémie caractérisée par une grande contagiosité.
Mais, devant la pénurie de personnels médicaux – puisqu'on ne pouvait pas recourir aux médecins généralistes – on s'est trouvé dans l'obligation de faire appel aux internes. En dehors de Paris où cela a entraîné des problèmes, essentiellement parce que les centres de vaccination étaient excentrés, cela s'est plutôt bien déroulé. Il n'y a pas eu, à notre connaissance, de déprogrammation.
Nous nous sommes alors tous demandé pourquoi, au lieu de faire sortir les internes, on ne vaccinait pas à l'intérieur de l'hôpital. C'est parce qu'on s'attendait à ce qu'il y ait un deuxième pic. Le premier n'avait pas été virulent mais le virus pouvait muter, entraînant une recrudescence de vaccinations. L'hôpital restait donc sur le pied de guerre. Il ne voulait pas se démunir localement pour la vaccination afin d'être prêt à traiter éventuellement les cas graves causés par la mutation du virus.