Il ne s'agissait pas d'une opération courante, comme la vaccination contre la grippe saisonnière, pour laquelle la perception du risque par la population est stable et l'organisation – avec un vaccin monodose – rodée. L'opération, de grande ampleur, n'était pas simple à mener, et le nombre de personnes qui seraient à vacciner dépendait largement de la perception du risque : comme le montrent bien les sondages, les Français sont peu réceptifs à la demande de vaccination si le risque leur semble faible, mais ils peuvent changer d'attitude très rapidement si ce risque leur paraît augmenter.
En ce qui nous concerne, nous avons considéré dès le mois de juillet qu'il y avait une incertitude. À la différence du Gouvernement, nous n'étions pas responsables de la politique vaccinale, mais d'une partie de sa mise en oeuvre ; la question n'était pas pour nous de savoir si la totalité de la population devait être vaccinée et dans quel ordre, mais d'être capables de tenir nos engagements vis-à-vis du ministère, au coût le plus raisonnable possible pour la collectivité. Si nous avons négocié les achats de coupons au million, c'est bien parce que nous ne savions pas combien de personnes seraient finalement vaccinées. À l'époque, j'estimais qu'il y en aurait entre 10 et 40 millions.