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Intervention de Henri Sterdyniak

Réunion du 11 mai 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Henri Sterdyniak, professeur associé à l'université Paris IX-Dauphine, directeur du département économie de la mondialisation à l'Observatoire français des conjonctures économiques :

La dernière proposition est appliquée aux États-Unis et en France seulement pour les accidents du travail. Les entreprises paient des cotisations en fonction des risques qu'elles font subir à la collectivité. Cependant, un effet pervers contrebalancerait toutefois l'effet incitatif : cette mesure favoriserait les grandes entreprises stables, qui peuvent se permettre de conserver leurs travailleurs, au détriment de celles qui sont dans des secteurs en difficulté ou qui prennent des risques, en acceptant, par exemple, d'embaucher des chômeurs en réinsertion. Les pénaliser lorsqu'elles les licencient pourrait les décourager.

La dette publique française n'est pas une exception à l'échelle mondiale. Son montant en 2010 est identique à celui de la dette publique allemande. Nos déficits ne constituent donc pas, pour la croissance française, un handicap particulier. Le monde capitaliste dans lequel nous nous trouvons a été frappé par la crise de la globalisation financière. Les responsables de nos difficultés, ce ne sont pas les dépenses publiques, mais bien les marchés financiers qui, en implosant, ont provoqué des déficits élevés. Les travaux de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, suivant lesquels les dettes et les déficits publics auraient un impact sur la croissance, sont très contestables. Dans le dernier numéro de l'OFCE, une analyse montre qu'il existe, par le passé, très peu de cas où la dette publique a été si élevée : on ignore si c'est la dépression qui l'a engendrée ou l'inverse.

Comment accepter que la globalisation, les marchés financiers et les largesses fiscales accordées aux plus riches continuent de mettre en péril les finances publiques ? Il faut repenser le système pour empêcher le gonflement des dettes et des déficits publics, sinon la zone euro ne survivra pas.

M. Michel Godet a raison de rappeler que la priorité, pour la France, est de retrouver des emplois industriels. Les jeunes des classes populaires ont besoin d'emploi dans l'industrie ou dans le bâtiment. L'apprentissage leur permettait auparavant de s'intégrer dans la société. La disparition de ses emplois industriels est un drame pour la France. Mais nous ne la réindustrialiserons pas en faisant baisser la demande ou en diminuant la protection sociale.

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