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Intervention de Michel Husson

Réunion du 9 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Michel Husson :

On peut toujours engager une discussion d'ordre statistique sur le taux de versement des dividendes, mais les calculs se font en dividendes nets, par différence entre les dividendes versés et les dividendes reçus. Il est vrai qu'en Allemagne en particulier la proportion des dividendes dans la comptabilité nationale est extravagante et qu'il y a probablement un problème de mesure. On observe cependant que les entreprises ont très vite recommencé à distribuer des dividendes, avant même la reprise économique. Or, conserver le mode actuel de répartition des revenus, ce n'est pas privilégier la croissance et l'emploi européens. Aux États-Unis, la majeure partie des fruits de la croissance a été captée par une couche extrêmement réduite de la population. Nous n'en sommes pas là, mais nous suivons la même trajectoire. Si nous ne revoyons pas notre mode de répartition, nous aurons peu de marges de manoeuvre sur la croissance et l'emploi et nous connaîtrons encore dix ans de chômage de masse parce que les entreprises continueront de distribuer des dividendes avant de lancer des activités moins rentables mais créatrices d'emploi.

En des temps colbertistes, la force industrielle de la France s'appuyait sur des grands groupes capables de réaliser les commandes publiques. Nous avons abandonné ce système en 1986, lorsque l'Acte unique a ouvert les marchés publics à la concurrence. Ensuite, après les avoir nationalisées, nous avons à nouveau privatisé quelques grandes entreprises. L'État s'est ainsi défait de tous les instruments qui lui permettraient de mener une politique industrielle. Au sein de l'Union européenne, le terme même de politique industrielle est considéré comme tabou et la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne s'est opposée à certaines restructurations. On manque donc de tout outil de politique industrielle, tant en France qu'en Europe.

Sachant que l'excédent commercial allemand se fait pour 83 % en Europe, le discours arrogant de l'Allemagne est absurde : elle ne peut reprocher à ses voisins d'avoir créé le déficit qui lui permet de réaliser cet excédent ! Ses gains de parts de marché ont pour contrepartie les politiques qu'elle juge déraisonnables ; c'est incohérent.

Si le taux de chômage n'a pas augmenté en Allemagne pendant la crise, c'est que les entreprises, sachant qu'elles auraient du mal à retrouver du personnel une fois l'économie rétablie, ont préféré garder leur effectif, au prix d'un compromis – le chômage partiel – qui coûte aux finances publiques. Je maintiens que la pression sur les salaires conduira à un recentrage des deux principaux exportateurs mondiaux, l'Allemagne et la Chine, sur la consommation intérieure ; les derniers discours des responsables du parti communiste chinois l'indiquent, et nous devons anticiper ce mouvement. C'est pourquoi il faut définir un autre projet européen.

Dans le Pacte de compétitivité, l'idée d'unifier les taux d'impôt sur les sociétés est mise en avant, la discussion portant sur le taux à retenir.

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