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Intervention de Paul Giacobbi

Réunion du 9 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

Je suis étonné d'entendre un économiste réduire de manière caricaturale la compétitivité à la seule compétitivité mesurée par les prix… Pour m'intéresser à la compétitivité des territoires, je constate que les plus grandes entreprises françaises n'ont plus grand-chose de français – en tout cas, leur production ne se fait plus en France.

Si je vous entends bien, monsieur Dominique Plihon, l'Allemagne, en diminuant le nombre d'heures travaillées et en partageant le travail par un recours accru au travail à temps partiel, a réussi à réduire d'un quart le taux de chômage sans qu'il en coûte un sou aux finances publiques. Dans le même temps, en France, nous avons partagé le travail en instaurant les 35 heures, ce qui n'a pas diminué significativement le taux de chômage mais qui coûte chaque année quelque 20 milliards d'euros aux finances publiques. Si c'est cela, je préfère le modèle allemand !

Par ailleurs, le crédit impôt recherche appelle un intérêt soutenu dans de nombreux pays étrangers – dont les États-Unis qui en connaissent le fonctionnement en détail. Pourtant, lors de l'examen de chaque projet de loi de finances, nous envisageons de le supprimer ou tout au moins de le limiter !

Il est exact qu'en Europe, les actionnaires, pour une grande part américains, privilégient les dividendes. Ils exigent un rendement de 12 % à 15 %, ce qui oblige les directions générales à obtenir des rentabilités encore supérieures pour pouvoir consacrer une petite part des bénéfices au développement de l'entreprise. Il en résulte que les entreprises qui se financent par le marché n'investissent plus et perdent en compétitivité.

A contrario, les entreprises indiennes Tata et Wipro, des géants dans leur domaine, appartiennent à des familles. Celles-ci ne se distribuent que 2 % des profits et consacrent le reste – des dizaines de millions de dollars – au développement interne de l'entreprise mais aussi à des oeuvres d'intérêt général de développement économique. En Inde, la contribution du groupe Tata à l'enseignement supérieur technologique est colossale, comme l'est la contribution de Wipro au développement de la formation dans l'entreprise. De plus, ce groupe vient de consacrer quelque 2 milliards de dollars au financement du développement rural. Dans de tels modèles, non seulement les entreprises considérées grandissent, mais, curieusement, l'économie générale du pays se développe également.

Je remercie M. Christian Saint-Étienne d'avoir souligné qu'avec 150 milliards d'euros de déficit pour 250 milliards de recettes fiscales, la France sera nécessairement confrontée, à brève échéance, à une crise douloureuse. Il est bon qu'un économiste rappelle ce que les responsables politiques disent rarement. J'avais moi-même donné l'alerte dans un article publié en 2002 dans Le Monde et intitulé « Chronique comptable d'une faillite nationale annoncée ».

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