La question est complexe. C'est à partir de l'expérience passée que l'on peut envisager les scénarios possibles pour l'hiver prochain. Or celle-ci montre que depuis vingt-cinq ans, nous n'avons pas connu une seule saison sans épidémie de grippe. En effet, lorsqu'un virus de la grippe rencontre une population suffisamment immunisée pour qu'une épidémie ne puisse s'y développer, il mute – pardonnez-moi cet anthropomorphisme. Cela n'implique pas nécessairement une évolution de type pandémique, mais une petite mutation se produit, qui donne à nouveau au virus un espace pour progresser. Ces virus ne pouvant se multiplier qu'à travers les cellules humaines, ils doivent en effet être la cause d'épidémies pour pouvoir survivre. Un tel principe évolutionniste signifie que nous vivrons toujours avec la grippe. En France, en particulier, la part de la population immunisée est probablement trop faible pour pouvoir faire barrière à une épidémie. En revanche, dans certains pays comme le Canada ou la Suède, où près de 60 % de la population sont vaccinés, l'immunisation sera peut-être suffisante pour empêcher la progression d'une épidémie, à moins que des mutations n'y éclosent. Toutefois, de telles mutations n'auraient rien de terrifiant. Elles sont attendues, et ce sont ces mutations qui permettent aux épidémies saisonnières de se développer dans nos différents pays.