M. Alain Vidalies a raison de souligner l'excellente productivité horaire manufacturière des salariés français, mais ce résultat a été obtenu au détriment de leurs conditions de travail – deux-huit, trois-huit, flexibilité à l'intérieur de l'enveloppe de 1 606 heures –, au point qu'un rapport de la médecine du travail lie le développement des troubles musculo-squelettiques (TMS) à la mise en place des 35 heures. En outre, si les ouvriers ont payé cher les 35 heures en termes de productivité, ce n'est pas le cas des salariés des autres secteurs.
Par ailleurs, le nombre d'heures travaillées par habitant est un élément important pour tenir compte de la population la plus jeune, encore en âge d'effectuer sa scolarité, et de la plus âgée, celle des retraités. C'est d'ailleurs l'indicateur utilisé par les organisations professionnelles et syndicales.
S'agissant des rigidités, tous les chefs d'entreprise que nous avons reçus ont jugé qu'elles constituaient un obstacle à leur développement en France. Je citerai en particulier les nombreuses contraintes que leur imposent le code du travail et la judiciarisation, les difficultés d'application des plans de sauvegarde de l'emploi, et le mille-feuille social à l'origine de procédures extrêmement complexes. Dans le classement de notre pays fait par l'Agence des investissements internationaux, cette difficulté d'adaptation des entreprises fait partie des principaux éléments défavorables. Le président de Nestlé dit qu'il met tellement de temps pour fermer, en France, une entreprise qui ne correspond pas aux besoins des consommateurs qu'il n'en a plus pour en ouvrir de nouvelles.
La territorialisation évoquée par M. Christian Blanc est également un élément fondamental du succès. Pourquoi, dans certaines régions françaises, l'industrie s'est-elle beaucoup mieux développée qu'ailleurs ? Les gouvernances locales méritent d'être étudiées.
Enfin, s'il fallait citer un seul facteur parmi les plus importants, je dirais que la France, et son système éducatif, n'aime pas l'industrie. Compte tenu de la gravité de la situation, faire aimer l'industrie est la première chose à faire si nous voulons rétablir une dynamique positive.