Parmi les points importants abordés au cours de ces auditions, on peut citer les éléments relatifs à la taille, à la marge, à l'autofinancement des entreprises – à leur muscle, en quelque sorte –, des éléments qui nous renvoient moins au débat sur la durée du temps de travail qu'à celui de la fiscalité et de son harmonisation. En ce qui concerne en particulier l'impôt sur les sociétés, évoqué par M. Paul Giacobbi, – même si sa comparaison entre les systèmes français et irlandais me paraît un peu sommaire –, tout dépend du résultat et du point à partir duquel on considère que l'assiette doit converger dans la construction de la valeur ajoutée.
J'ai particulièrement apprécié la partie de nos travaux relative à la compétitivité hors coût – une notion difficile à appréhender quand on n'est pas directement confronté au monde de l'entreprise, et difficile à maîtriser pour les responsables politiques, même si ces derniers peuvent agir par l'intermédiaire de l'organisation territoriale, par exemple.
En ce qui concerne les 35 heures, nous ne devons pas oublier qu'une entreprise sous contrainte n'a d'autre choix que de s'adapter. Dès lors, le niveau élevé de productivité de notre pays, reconnu par dans le monde entier, peut aussi être analysé en creux : ne subsistent que les entreprises les plus productives. Quand on considère la quantité d'entreprises de taille moyenne qui ont disparu, ou l'émiettement du tissu industriel, notamment pendant les périodes où notre commerce extérieur est en déficit, on comprend qu'il faut un niveau de productivité très élevé pour conserver, en France, une marge minimale suffisante pour survivre.
Dans ces conditions, les politiques publiques que nous mettons en oeuvre ne doivent pas avoir pour effet de tuer la poule aux oeufs d'or. L'entreprise est le lieu de création de la richesse. Si nous voulons pouvoir continuer à financer nos politiques, il faut bien faire en sorte que le PIB marchand puisse se développer. Or la France inflige de sérieux handicaps au développement de la valeur ajoutée, dont les rigidités sur le temps de travail sont un élément.
À ce sujet, nous ne devons pas oublier qu'en Allemagne, le taux d'emploi partiel est beaucoup plus important qu'en France. Cela modifie complètement la lecture des statistiques citées par M. Alain Vidalies. Un salarié à temps plein allemand, lui, travaille plus qu'un Français – il est vrai dans des conditions peu enviables, comme l'ont rappelé les syndicats. J'ai d'ailleurs cru comprendre que Mme Angela Merkel avait décidé d'engager avec ses différents partenaires des discussions sur la question du salaire minimum : c'est sans doute une bonne nouvelle pour la France.
Ce sera ma conclusion : les problèmes de compétitivité rencontrés à l'échelle européenne trouveront une issue quand les différentes politiques économiques seront coopératives. Il y a vingt ou vingt-cinq ans, quand la monnaie unique a été imaginée, on pouvait peut-être compter sur la « main invisible » de l'euro mais, depuis, on s'est aperçu qu'une série de rigidités, d'habitudes, de consensus ou au contraire de divergences politiques s'opposait à l'harmonisation des politiques économiques entre les pays européens. C'est dans ce contexte que la France a été victime d'une forte détérioration de sa compétitivité.