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Intervention de Paul Giacobbi

Réunion du 15 juin 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

J'approuve globalement ces propos.

Cela étant, on a trop tendance à parler de la compétitivité-coûts alors que cette approche est très partielle et sans grande signification économique – à moins que l'on ne considère que le Soudan est le pays le plus compétitif au monde et que la Suède est un pays très défavorisé.

S'agissant de la compétitivité-prix, je rappelle que le prix résulte de nombreux facteurs, dont la variation des changes nette des différentiels d'inflation. C'est ainsi qu'un abaissement de prix de 20 % peut en réalité, sur une durée courte, dépasser ce taux.

La compétitivité des territoires doit également être relativisée. On peut attirer de très nombreuses entreprises mais très peu de valeur ajoutée et assez peu d'emplois : ce sera le cas, par exemple, s'il s'agit de sièges sociaux et non d'unités de production, ou encore s'il y a beaucoup d'input pour beaucoup d'output. Ce qui compte, en dernière analyse, est la concurrence dans la localisation de la valeur ajoutée. À cet égard, on peut se demander si l'Allemagne localise autant de valeur ajoutée que cela. À l'inverse, la Chine en localise beaucoup, mais pour le compte d'entreprises dont le siège est en général au Japon.

Des travaux que j'ai menés à ce sujet, il ressort trois traits dominants concernant la France.

Premièrement, on nous reproche de ne pas être favorables à l'entreprise : les Français ne sont pas business friendly.

Deuxième reproche, nous ne sommes pas stables. Le système du crédit d'impôt recherche est par exemple reconnu, notamment par les think tanks de Washington, comme le meilleur au monde, à ceci près qu'une incertitude pèse sur sa pérennité. Les investissements concernés étant de long terme, la moindre modification inquiète car elle fait présager des changements plus profonds. La France est également perçue comme socialement instable, au point que l'on craint d'y être confronté à des phénomènes violents. Les séquestrations de chefs d'entreprise – le bossnapping – ont eu des effets dévastateurs.

Troisièmement, nous ne sommes pas flexibles. « We don't want to be trapped in France », ai-je entendu dire à plusieurs reprises aux États-Unis : nous ne voulons pas rester prisonniers en France ! C'est ainsi que M. Azim Premji, une des plus grosses fortunes de la planète, créateur d'une des plus grandes entreprises de logiciels au monde, se trouve confronté à de grosses difficultés pour trois salariés protégés dont il ne peut se défaire, alors qu'il a décidé de faire de la France une de ses cibles d'investissement – ce qui représente 5 000 emplois potentiels au minimum dans les prochaines années.

Cela étant, un article paru récemment dans le Financial Times invoque le Grand emprunt et le Grand Paris pour conclure que la France est un pays qui bouge encore.

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