Nous n'étions pas inquiets quant à la gestion d'une crise sanitaire réelle. La canicule de 2003 a montré que les professionnels savent s'auto-organiser pour faire face à un pic d'activité. Cet été-là, ils ont travaillé bien au-delà de leurs horaires normaux, sans avoir besoin d'être réquisitionnés ni que la technostructure s'en mêle.
Dans le cas de cette pandémie, il y a eu deux phases. De fin avril à l'été, nul ne pouvait exclure que les conséquences de cette grippe soient très graves, et il était logique de commander autant de vaccins. Puis dès le début septembre, avec le recul par rapport à ce qui s'était passé dans l'hémisphère Sud, on savait qu'il fallait vacciner les personnes à risque, les femmes enceintes, les malades chroniques, les enfants qui, d'une manière générale, en raison de la proximité de leur vie sociale, sont plus exposés à la transmission des virus, mais il n'était plus évident qu'il faille vacciner l'ensemble de la population. C'est alors qu'est apparu un problème de sens. En France, les experts se fondaient sur une hypothèse maximaliste. Mais dans chaque pays, les ordres de priorité étaient différents et il n'y avait nulle part de certitude scientifique avérée. Lorsque seule une minorité de médecins et d'infirmiers se fait vacciner, cela ne peut guère avoir d'effet d'entraînement sur le reste de la population...