Je ne sais pas si le Rhône est un exemple. Mais je crois qu'il est très important, dans ce type de situation, que les structures qui ont l'habitude de travailler ensemble partagent leurs informations. Ce fut le cas dans notre département, mais aussi dans beaucoup d'autres, entre le préfet, le directeur de la direction des affaires sanitaires et sociales, le représentant des organisations représentatives au sein des Unions régionales des médecins libéraux ou des conseils de l'Ordre. Ainsi, quand on a eu vent de réquisitions préfectorales, il m'a été facile, en tant que président d'Ordre, d'appeler le directeur de la direction des affaires sanitaires et sociales pour lui dire que la situation était suffisamment difficile pour les médecins en exercice libéral pour ne pas risquer de jeter de l'huile sur le feu et pour lui suggérer d'agir autrement. Le message a été entendu et il n'y a pas eu de réquisitions.
Les médecins en activité sur le terrain nous disaient qu'ils étaient débordés, qu'il leur était difficile de se déplacer pour aller chercher des vaccins quelque part et qu'ils ne pouvaient pas faire venir au cabinet des patients avec, dans la salle d'attente, d'autres patients atteints de grippe peut-être très contagieuse.
Par ailleurs, le conditionnement multidose n'était pas aussi simple que cela à gérer. Certains médecins ayant utilisé une dose du flacon multidose sur une journée, ils se sont demandés s'ils pouvaient continuer à utiliser ce dernier le lendemain, même en disposant d'un réfrigérateur.
Les médecins ont éprouvé également des difficultés pour se faire vacciner eux-mêmes dans les centres de vaccination – même si, à Lyon, les hôpitaux ont organisé en permanence des lieux dédiés de vaccination pour les personnels de santé, où l'on pouvait se rendre sans difficulté.
Tout cela explique qu'au-delà du message brouillé que l'on entendait dans les médias, les médecins eux-mêmes et l'ensemble des professionnels de santé se sont beaucoup interrogés sur la façon de procéder et même, pour certains, sur l'utilité d'une vaccination et sa dangerosité. D'où une certaine réticence de la part des professionnels de santé et, en fin de compte, un taux de vaccinés sur l'ensemble du pays qui n'est pas du tout en adéquation avec l'ensemble des moyens mis en place par le ministère.