Je répondrai d'abord à M. le rapporteur que nous avons effectivement eu, au cours de l'été, trois réunions au cours desquelles on nous a répondu la même chose, à savoir que l'on n'avait pas besoin de nous.
Depuis le départ, le choix avait été fait d'une vaccination collective. Nous n'étions pas là pour revendiquer quoi que ce soit. La seule chose que nous demandions, c'est que les réquisitions ne désorganisent pas la chaîne des soins de ville que les infirmiers libéraux avaient en charge, concernant notamment les patients lourds.
La ministre était présente lors de l'une de ces réunions – qui réunissait les quatre syndicats d'infirmiers libéraux et la présidente de l'Ordre national des infirmiers, dont l'approche est d'ailleurs différente de celle des syndicats. Nous lui avons indiqué que nous n'entretiendrions pas la polémique qui était née autour de cette vaccination, notamment à propos des adjuvants. Nous ne sommes pas des sociétés savantes et nous n'avions aucune légitimité à intervenir sur de tels sujets.
En revanche, nous avions à dire que se poserait un jour, en raison du choix qui avait été fait, la question de la vaccination des personnes âgées dépendantes, handicapées, et des personnes fragiles, immunodéprimées, qui sont à leur domicile mais intransportables. On nous a répondu encore une fois que l'on n'aurait aucun besoin de nous et que nous n'avions aucun souci à nous faire. En somme : de quoi nous mêlions-nous ? Nous avons rétorqué que si l'on n'avait pas besoin de nous pour le moment, il pourrait en aller différemment plus tard : le dispositif prévoyait en effet que des équipes mobiles pourraient se rendre au domicile des malades. Or, comment de telles équipes auraient-elles pu se constituer et être rapidement opérationnelles sans nous alors que nous savons, pour le vivre au quotidien, qu'une telle organisation n'est pas facile à mettre en place ? De même, nous avons mis en avant le fait que 62 000 infirmières libérales visitaient en moyenne 35 foyers par jour, ce qui correspond déjà à plus de 2 millions de personnes dépendantes. Certes, la priorité n'était pas de vacciner les personnes âgées ni les personnes dépendantes. Mais à un certain moment, elles devaient bien faire partie des gens à vacciner.
Les vaccinations se font sur prescription médicale, sauf la revaccination de la grippe saisonnière, mais il faut se rappeler qu'à l'époque, on projetait une vaccination en deux injections. Il nous paraissait donc cohérent de proposer nos services, même si l'on nous avait fait comprendre que l'on n'avait pas besoin de nous.