Je ne saurais le dire. Pour en avoir discuté avec les autorités sanitaires américaines, je pense que la population américaine avait une très grande confiance dans les vaccins contre la grippe en général. Nous devons avoir à l'esprit que la vaccination contre la grippe saisonnière est beaucoup plus répandue aux États-Unis qu'en France et dans le reste de l'Europe : elle n'y est pas réservée aux plus de soixante-cinq ans ou aux personnes immuno-déprimées, et beaucoup de jeunes adultes s'y font chaque année vacciner.
La Food and drug administration, quant à elle, avait confiance, d'une part, dans les fabricants de vaccins grippaux et, d'autre part, dans la validité de son raisonnement d'extrapolation, fondé sur l'hypothèse que le virus A(H1N1) se comporterait de manière assez semblable à une souche variante du virus saisonnier habituel. N'oublions pas toutefois que ce choix a failli provoquer une crise dans la mesure où ces vaccins sans adjuvant – c'est la contrepartie – ne peuvent être fabriqués qu'à un rythme plus lent. Il faut en effet de deux à quatre fois plus d'antigènes pour obtenir le même nombre de doses. Quand, à la mi-octobre, le Centre de prévention et de contrôle des maladies d'Atlanta a annoncé qu'en l'espace d'un mois il y avait eu autant d'enfants morts pour des raisons pouvant être attribuées en première intention au virus A(H1N1) qu'en un an en temps normal, les Américains se sont alors rués vers les centres de vaccination et, à cette date, les États-Unis manquaient de vaccins.