Les deux notions de compétitivité et d'attractivité sont étroitement liées. Pour les dirigeants de sociétés étrangères que nous rencontrons, tout ce qui renforce l'une a également un effet positif sur l'autre.
La France est depuis longtemps ouverte à l'investissement étranger, si bien que la présence sur son sol d'entreprises issues d'autres pays est significative. L'investissement étranger concerne plus de 20 000 entreprises, réparties sur tout le territoire – même si elles se concentrent surtout dans les grandes villes. Leurs pays d'origine sont essentiellement les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Ces entreprises apportent une contribution très importante à notre économie, puisqu'elles représentent plus de 2 millions d'emplois, 22 % de la recherche-développement et environ un tiers des exportations françaises – dans le secteur manufacturier, ce chiffre atteint même 40 %.
Entre pays européens, la concurrence est forte pour attirer ces entreprises étrangères. C'est pourquoi la France, comme la plupart de ses voisins, développe depuis quelques années des politiques d'attractivité qui reposent sur quatre piliers.
Le premier est structurel : il concerne toutes les mesures ayant pour effet de renforcer la compétitivité de l'économie et des entreprises françaises. On peut citer les dispositions visant à introduire plus de flexibilité sur le marché du travail, la politique de soutien à l'innovation – crédit d'impôt recherche, pôles de compétitivité, réforme des universités – ou la suppression de la taxe professionnelle. Toutes ces mesures servent l'image, et donc l'attractivité de notre pays aux yeux des investisseurs étrangers.
Par ailleurs, il faut rester à l'écoute des entreprises étrangères et améliorer sans cesse l'environnement dans lequel elles évoluent, au moment de leur accueil sur notre territoire comme au stade de leur développement. En effet, il ne suffit pas de les convaincre de s'installer en France, encore faut-il qu'elles y restent. À cet égard, depuis la création de l'Agence française pour les investissements internationaux en 2001 – et singulièrement depuis 2003 –, plus de 130 mesures dites « d'attractivité » ont été étudiées et mises en oeuvre pour répondre à un besoin, une attente particulière des investisseurs internationaux. Les dernières mesures de cette nature ont été annoncées le 28 mars 2011, lors de la réunion du Conseil stratégique de l'attractivité. Toutes vont dans le sens d'une simplification des procédures.
Ensuite, il faut faire savoir à l'étranger ce qui se passe en France, faire connaître les atouts français, valoriser les éléments de différenciation. Dans un environnement ouvert et concurrentiel, il importe d'identifier les points sur lesquels le site France se distingue des sites concurrents, en particulier européens.
Enfin, pour assurer le maintien et le développement des entreprises étrangères sur notre territoire et l'apport de nouveaux investisseurs étrangers, il est nécessaire de développer une politique très active de prospection et d'accompagnement. L'Agence française des investissements internationaux remplit cette mission avec l'aide de ses partenaires, notamment les agences régionales de développement économique – qui sont elles-mêmes en relation avec l'ensemble des acteurs territoriaux.
Cette activité de prospection nous conduit à nouer des contacts avec des entreprises étrangères et à écouter ce que leurs dirigeants disent de la France. Selon la façon dont ils jugent la compétitivité de l'économie française, nous pouvons ainsi identifier les points forts et les points faibles de notre pays et proposer des mesures d'amélioration.
Auprès des investisseurs étrangers, la France présente notamment deux points faibles, et même si nous nous employons à les corriger depuis quelques années, ces perceptions – voire ces clichés – perdurent. Le premier concerne le marché du travail : la perception demeure d'un manque de flexibilité et de difficultés trop importante à ajuster les effectifs en période de crise économique. Le deuxième est la perception d'une fiscalité non pas trop pesante, mais trop complexe et parfois instable.
J'en viens aux points forts. La France dispose, en matière d'attractivité, d'atouts de nature structurelle, liés au marché, à sa dynamique, à sa profondeur et à sa connexion au marché européen. Sa démographie – élément important d'appréciation du marché dans une perspective de moyen et long terme – est également favorable. De même, là où elles s'implantent, les entreprises peuvent avoir recours à une main-d'oeuvre dont la qualification et la productivité sont reconnues hors de nos frontières. Enfin, le pays dispose d'infrastructures de qualité.
Mais notre pays présente également des atouts de nature plus conjoncturelle. Ainsi, dans une période agitée comme celle que nous avons connue depuis le déclenchement de la crise financière, la façon dont les pays réagissent renforce ou affaiblit l'attractivité. En l'occurrence, la France a tiré son épingle du jeu, puisque nous avons observé en 2009 – c'est-à-dire à un moment où l'investissement international était en décroissance – un pallier dans l'apport de nouveaux investissements étrangers dans le pays. En 2010, alors que l'investissement international dans la zone européenne connaissait une baisse de 10 %, le nombre de projets d'investissement créateurs d'emplois en France et provenant de l'étranger a augmenté de 22 %.
En 2010 s'est également confirmée une tendance importante : l'Allemagne, traditionnellement deuxième pays d'origine de l'investissement créateur d'emplois en provenance de l'étranger, est passée à la première place, devant les États-Unis – les deux pays étant toutefois très proches l'un de l'autre. L'Allemagne et l'Amérique du Nord assuraient cette année-là 87 % de l'ensemble des projets d'investissement créateurs d'emplois. Cela montre à quel point la compétitivité française est reconnue à l'étranger, puisqu'en s'installant en France, les États-Unis et le Canada, pays lointains, visent à prendre pied sur le marché européen. Quant à l'intérêt soutenu des entreprises allemandes en faveur d'une implantation ou d'une extension de leurs capacités en France, il traduit également la perception favorable que ce pays a de la compétitivité de l'économie française. C'est en tout cas la lecture que nous en faisons.
Bien entendu, nous nous intéressons de plus en plus aux pays émergents, compte tenu de leurs capacités croissantes d'émission d'investissements vers l'Europe. Mais ils ne représentaient encore que 6 % des nouveaux projets en 2010, soit en tout 47 projets – dont 35 en provenance de Chine.
Je terminerai en rappelant que la mesure de la compétitivité et de l'attractivité est à la fois simple et complexe. Elle est simple si l'on s'intéresse au nombre de nouveaux investissements décidés par des entreprises étrangères en France – 782 décisions nouvelles en 2010, portant création ou maintien de 32 000 emplois. Mais on peut aussi la mesurer au travers de comparaisons internationales et de rapports publiés par des organismes tels que la Banque mondiale – comme la publication annuelle Doing business, qui classe les pays du monde en fonction des facilités d'implantation –, des observatoires tels que l'international institute for management development (IMD) de Lausanne ou le World economic forum, ou des sociétés de consultants comme Ernst & Young. Depuis plusieurs années, la France a gagné quelques places dans la plupart de ces classements. Sa position est même parfois bien meilleure que ce que l'on pourrait imaginer, en particulier en comparaison avec son grand voisin allemand.