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Intervention de Jean Grellier

Réunion du 17 mai 2011 à 16h45
Commission d'enquête sur la situation de l'industrie ferroviaire française: production de matériels roulants voyageurs et frets

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Grellier :

Lohr Industrie nous a lancé hier un cri d'alarme. Certaines banques demandent sa partition, alors que ce sont ses complémentarités qui font sa richesse. En cas de partition, elle perdrait toute capacité de recherche et développement, et donc d'innovation. C'est, du reste, le problème majeur rencontré par de nombreuses filières industrielles françaises.

Le passage de relais – on le sent pour les ABRF et Lohr Industrie – constitue une difficulté supplémentaire, dont la dimension psychologique est certaine. Si la puissance publique – État et collectivités locales – n'accompagne pas les entreprises dans ces moments délicats, elles risquent de rencontrer des difficultés majeures.

La filière manque en fait d'un pilote capable de déterminer la stratégie pour les dix à quinze prochaines années. Le Grenelle de l'environnement ne suffit pas, car sa mise en oeuvre suppose une volonté très forte des industriels pour forcer la porte et développer de nouvelles structures. De plus, ils sont confrontés, de la part de la puissance publique, à des problèmes de délais. L'État doit donner des perspectives pour permettre à l'industrie de se positionner par rapport aux enjeux de l'avenir.

Il est significatif que le président de la RATP ait reconnu devant nous qu'il avait des difficultés à trouver une sous-traitance organisée : la RATP a subi cinq ans et demi de retard sur un marché, parce que les nouveaux investisseurs n'étant pas des industriels, ils se montrent donc incapables de répondre aux besoins industriels de leurs clients.

Les filières prévues dans le cadre des États généraux de l'industrie ne prennent pas en considération toute la réalité du terrain.

Enfin, notre rencontre avec la Commission européenne n'a pas laissé de nous inquiéter, et M. Dominique Riquet, député européen actif au sein de la commission « Transports » et maire de Valenciennes, nous a même quelque peu démoralisés : à ses yeux, compte tenu de l'environnement général, il sera difficile de maintenir une filière ferroviaire européenne. Qu'en est-il de vos échanges avec vos homologues européens sur le sujet ? La stratégie allemande, tout en respectant la réglementation, ne permet-elle pas de protéger le marché allemand ? Comment promouvoir une véritable stratégie européenne ?

M. Michel Hunault. Messieurs les ministres, vous me permettrez de rendre hommage aux députés qui sont à l'origine et s'impliquent activement dans cette commission d'enquête. La représentation nationale veut prendre toute sa part dans la réflexion visant à trouver des solutions aux problèmes que connaît la filière ferroviaire. Nous souhaitons vous aider, tout en relayant les cris d'alarme des industriels et des salariés d'un secteur qui manque de débouchés.

L'État subventionne les régions pour les conforter dans leur fonction d'autorités organisatrices des transports : quel est son effort en la matière ?

Vous avez la volonté, monsieur le secrétaire d'État, de soutenir l'industrie nationale et vous me l'avez encore assuré dans l'hémicycle la semaine dernière. Il n'existe plus que deux ou trois groupes français qui travaillent sur les wagons de marchandises. À Châteaubriant, la commission d'enquête a visité le site des ABRF. Nous ne sommes pas là pour favoriser telle ou telle entreprise, nous voulons, au contraire, construire une filière où chacun pourra développer sa spécialité. Or, des commandes concrètes sont nécessaires pour permettre à plusieurs entreprises de passer l'été. Il convient de faire en sorte que ce soit des industries nationales et non étrangères qui remportent certains appels d'offres en cours.

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