Nous n'attaquons pas les agences ni ne mettons en cause leur existence. Simplement nous observons qu'elles ont été créées en fonction des circonstances, d'où le besoin de les coordonner et de combler certaines lacunes, et nous posons la question de la répartition de la légitimité entre l'État et ses « bras armés » : qui commande ? Pourquoi l'État a-t-il agi sans elles – le cerveau sans ses bras – ? Il en est résulté un trouble auquel, pensons-nous, on peut parer en organisant mieux leur action commune, ce qui peut aller jusqu'à changer le modèle d'État dans ce domaine de la santé qui a, en France, une spécificité pour des raisons historiques : si l'État doit agir à travers ses agences, il doit leur conférer une certaine légitimité, leur permettant d'émettre des recommandations sans aucune interférence de sa part – et nous n'en sommes pas tout à fait là.
Quant à la possibilité ou non de changer de politique… Je ne suis qu'un modeste publiciste qui écrit dans les journaux qui veulent bien l'accueillir, et je suis persuadé que les politiques font ce qu'ils peuvent. La sociologie des organisations – ou, plus largement, de la décision car le problème n'est pas propre à la politique – montre que, plus une organisation est grande, moins les politiques sont flexibles. On peut les ajuster, mais il est très difficile d'en changer en cours de route : c'est considéré comme un aveu d'échec. Les décideurs tendent à aller au bout de leurs convictions, considérant qu'ils ont charge d'âmes et que leur trouble se communiquerait à leurs troupes. Ils doivent faire semblant d'avoir raison et, s'ils ont des doutes, les cacher. Que ce soit regrettable, j'en conviens, et de même je vous accorde volontiers qu'en l'espèce, il eût fallu changer la politique suivie. Quant à savoir ce qu'il en sera à l'avenir…