Pour ce qui est de la légitimité de l'État, il ne faut pas oublier que, si la France est un pays colbertiste, doté d'un État fort, ce n'est pas vrai dans le domaine de la santé, où la compétence a été communale et l'intervention de l'État très modeste aux xviiie et xixe siècles, à l'exception de certains cas d'épidémie. L'État n'a commencé à acquérir une légitimité en ce domaine que dans les années 1990, après le drame du sang contaminé et la crise de la vache folle.
Par ailleurs, il me semble que la sécurité sanitaire et les crises de la fin du xxe siècle nous ont appris que la réévaluation permanente des décisions était une nécessité et que cette capacité de se remettre en cause à mesure qu'évoluent les connaissances était la meilleure manière d'appliquer l'obligation de précaution que j'évoquais tout à l'heure.