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Intervention de Joseph Thouvenel

Réunion du 25 mai 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Joseph Thouvenel, secrétaire général adjoint de la CFTC :

Sur la question, centrale, des relations conflictuelles entre les salariés et leur entreprise, je tiens à dire qu'à nos yeux, le mouvement marxiste aujourd'hui le plus puissant en France n'est autre que le mouvement des entreprises de France, du moins au niveau national, où il en est toujours, au quotidien, à la lutte des classes. J'en veux pour preuve son attitude lors des négociations sur la pénibilité.

Durant deux ans, les syndicats se sont efforcés de faire valoir que la pénibilité avérée de certains métiers use prématurément ceux qui les exercent, lesquels devraient donc se voir reconnu le droit de partir en retraite plus tôt. Le mouvement des entreprises de France a systématiquement objecté, cherchant à couper cour au débat, que la pénibilité était ressentie différemment par chacun et qu'on ne disposait pas, de toute façon, de statistiques sur le sujet. Une attitude responsable aurait été de coopérer à l'élaboration d'une définition, acceptable par tous, de la pénibilité, et d'examiner concrètement avec les syndicats le coût du départ en retraite anticipée des salariés ayant exercé des métiers pénibles. Voilà qui aurait été la marque de relations sociales adultes qui nous font tant défaut en France.

Or un malaise grandissant est perceptible dans les entreprises. Une enquête menée auprès de nos délégués syndicaux en région parisienne a confirmé que l'écart des rémunérations entre dirigeants et salariés ne cessait de se creuser. Tous nous ont dit que cela leur semblait profondément injuste car ce sont les salariés qui supportent les plus gros efforts. Une telle remontée, aussi massive, du terrain, ne peut qu'inquiéter.

Cela étant, tout n'est pas négatif avec le mouvement des entreprises de France. D'une part, il est en général plus facile de discuter avec ses représentants au niveau local ou au niveau des branches qu'au niveau national. D'autre part, certains sujets sont l'occasion d'un véritable échange entre partenaires sociaux. Cela a été le cas de la délibération sur la politique économique et la compétitivité. Les organisations syndicales peuvent elles aussi porter leur part de responsabilité dans le blocage du dialogue social lorsque, privilégiant la posture, elles en arrivent à un déni de réalité. Mais d'une façon générale, l'attitude du mouvement des entreprises de France est handicapante.

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