Nous arrivons, madame la secrétaire d'État, à l'épilogue de notre discussion. Si ma proposition de loi a au moins eu l'intérêt de faire avancer le débat, il me semble que, quand on est en charge de l'action publique, on ne doit pas rester au stade du débat : il faut aussi savoir décider, aller de l'avant. En l'occurrence, nos compatriotes sauront que nous n'avons pas su franchir ce pas.
Je suis un peu peiné que le mot « coercition » ait été employé, tant j'ai essayé de minorer celle-ci le plus possible. Je rappelle que la loi Bachelot, un projet du Gouvernement, comportait une disposition selon laquelle tout médecin ne pouvant être présent tel week-end ou partant en vacances devait le déclarer. Je suis de ceux, avec Claude Leteurtre, qui se sont battus pour faire sauter cette disposition qui était autrement plus coercitive que de dire à un jeune : « Tu n'iras pas simplement t'installer à Tours, tu peux s'installer à Saint-Avertin, c'est-à-dire à trois kilomètres. »
Je le dis avec passion, pratiquant la biologie médicale au quotidien et travaillant avec une soixantaine de généralistes, ce qui me donne, me semble-t-il, une certaine expérience, enrichie, comme je l'ai rappelé tout à l'heure, par le contexte familial qui est le mien. Je suis convaincu que nous avons fait ce soir une erreur en rejetant l'internat régional. De même, j'ai soutenu les maisons médicales, qui sont une très bonne chose – je porte très fortement celle de Châteaudun –, et je regrette également le rejet de la possibilité d'une année offerte aux internes pour découvrir le métier. Comme l'a très bien dit Claude Leteurtre, entre la formation théorique, même avec le volet hospitalier, et la formation pratique sur le terrain, il existe un fossé, une appréhension ; ces médecins éprouvent une crainte à l'idée de s'installer dans le privé.
Enfin, je ne voudrais pas que, demain, la médecine soit telle que nous la voyons dans la commune de la Ferté-Bernard, où la mairie vient d'embaucher deux médecins généralistes. Est-ce le rôle du maire d'embaucher un médecin et de l'avoir pour salarié ? Je ne le crois pas.
Nos collègues du parti socialiste sont partis ; il est vrai qu'ils ont prétendu qu'il s'agissait uniquement d'un texte électoraliste. M. Le Guen a pourtant dit, avec force arguments, qu'il existait un enjeu majeur de santé publique. À quelques semaines d'une échéance si importante, cet enjeu majeur aurait mérité qu'au moins un orateur de l'opposition fût présent.
Monsieur le président, je ne participerai pas au vote. Chacun comprend que ce texte a été complètement dénaturé. Des articles y ont été introduits d'une manière quelque peu particulière. La dignité veut donc que je ne prenne pas part au vote.