Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 11 janvier 2012 à 11h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants :

Monsieur Tardy, le 27e bataillon de chasseurs alpins, qui accomplit un travail formidable, va bénéficier de la décision « post-Uzbin » de moderniser l'équipement des forces, notamment en les équipant des VHM que vous avez évoqués. Depuis le 1er janvier de cette année, dix de ces véhicules sont en opération sur le théâtre dont le 27e BCA a la charge. Les commandes ayant été lancées fin 2009, le temps de réalisation, de 18 mois, paraît raisonnable.

Madame Lignières-Cassou, vous posez un problème majeur. Pour un pouvoir politique, la solution de facilité est de s'appuyer sur les structures sociales traditionnelles. Tel est manifestement le choix du président Karzaï. Ce choix s'est traduit par la réunion de la Loya Jirga, la Grande Assemblée traditionnelle. Une telle décision permet la mobilisation par le président de réseaux traditionnels à qui il promet la sécurité en échange d'une grande indulgence sur les conditions dans lesquelles ces réseaux sécurisent son pouvoir.

Il existe donc en Afghanistan d'une part une réalité juridique – le Président de la République est élu au suffrage universel – et de l'autre une réalité sociologique, celle d'un accord entre lui et la société locale traditionnelle contre les éléments qui pourraient apparaître susceptibles de déstabiliser celle-ci, au prix d'un regard distrait sur ses défauts.

Pour autant, un effort, qui a commencé dès le départ des talibans, porte ses fruits : il s'agit de la scolarisation des jeunes filles. Même si celle-ci n'est aujourd'hui pas remise en cause, elle est largement contradictoire avec les supports sociologiques sur lesquels s'appuie le président Karzaï. À titre personnel et politique, je reste convaincu que l'alphabétisation et la scolarisation des filles sont des éléments moteurs et équilibrants pour la société. C'est le meilleur investissement que nous puissions effectuer sur le long terme, et ce d'abord pour la maîtrise de la démographie. Celle-ci, qui va de pair avec l'alphabétisation, change le rapport de l'homme à la femme et donc la société. Si le traité de coopération ne devait comporter pour la France qu'une seule exigence à imposer, ce serait celle de la scolarisation – en général, bien sûr. En Afghanistan 7 millions d'enfants sont scolarisés, dont plus d'un tiers de filles. Les filles et les garçons représentant respectivement 50 % de la jeunesse, le chemin n'est donc parcouru qu'aux deux tiers. Cela dit, en Afghanistan, 70 % des Afghans se déclarent satisfaits de la scolarité.

Même si le pouvoir politique afghan joue le système traditionnel pour assurer sa sécurité, nous devons travailler à introduire en Afghanistan un élément de changement qui stabilisera la société de manière durable et en profondeur, l'alphabétisation des femmes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion