Vous avez dit, madame la ministre, qu'il serait bon que l'ensemble des professions de santé aient un socle commun. Mais vous venez de vous contredire en excluant la kinésithérapie.
J'entendais un collègue de la majorité dire tout à l'heure que le chirurgien orthopédiste ne pouvait rien, aujourd'hui, quant à la réussite de son acte, s'il ne travaillait pas en symbiose avec le rééducateur. Nous allons donc voter l'amendement n° 3 de M. Préel.
Mais les infirmières aussi font partie des professions de santé, et elles en feront de plus en plus partie. Nous savons très bien les grandes difficultés auxquelles se heurtent les transferts de compétences, mais ces transferts seront de plus en plus nécessaires, et notamment en ce qui concerne les infirmières. Voilà déjà plusieurs années que la réforme de la formation des infirmiers est à l'oeuvre. Pour aboutir à une réforme dans le cadre du système LMD, c'eût été l'occasion d'accélérer les choses que de les intégrer dans ce socle commun et de leur donner une ouverture vers la formation à l'université, comme elles le réclament – c'est du reste d'ores et déjà ce qui se fait dans certains cas. De nouveaux métiers apparaissent dans le domaine de la santé, parfois très sophistiqués : ainsi le « conseil en génétique et médecine prédictive », très important en cancérologie et pour les maladies rares. Une seule faculté, celle d'Aix-Marseille, dispense cette formation. Quand on voit son recrutement, on constate qu'il y a certes des scientifiques qui entrent dans cette filière, mais aussi des professionnels de santé, des infirmières, des sages-femmes, un pharmacien, et même un cadre de laboratoire. Cela prouve bien que ces professions, dans le cadre de l'évolution de la médecine moderne, sont obligatoirement appelées à avoir un socle commun.
Je voudrais également parler de l'interdisciplinarité, du travail de groupe, des maisons de santé pluridisciplinaires. Dans certains pays nordiques, le patient qui se présente dans un centre de santé en premier recours rencontre, dans la majorité des cas, l'infirmière. Et c'est seulement lorsque celle-ci le juge utile que le médecin, présent dans ce même centre, recevra le malade.
La seconde dimension du problème est celle de la coordination, de la mise en place des réseaux. Faut-il absolument, et partout, un médecin pour être coordinateur d'un réseau de santé ? N'est-ce pas du gaspillage de temps médical ? Des transferts de compétences, notamment vers des infirmières spécialisées dans tel ou tel domaine, ne peuvent-ils pas se faire ?
Voilà pourquoi il est tout à fait dommage que, même si cette réforme tardive répond à un besoin, on ne l'ait pas suffisamment élargie pour prendre en compte la réalité des besoins de formation et d'interdisciplinarité. Depuis 2002, on a mis six ans pour arriver à cette réforme. Essayons de ne pas attendre six ans de plus pour reconnaître la nécessité des transferts de compétences et pour favoriser l'émergence de nouveaux métiers dans le domaine de la santé.
(L'amendement n° 14 n'est pas adopté.)