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Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 16 décembre 2008 à 9h30
Création d'une première année commune aux études de santé — Article 1er, amendement 13

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton :

Le rapport Debouzie a été remis en 2003 aux ministres concernés, lesquels appartenaient à l'actuelle majorité…

Outre l'échec de près de 80 % d'étudiants en fin de première année et le gâchis humain qu'il constitue, deux motifs sous-tendent cette proposition de loi, que j'ai quelque mal à comprendre.

Le texte viendrait tout d'abord, nous dit-on, pallier l'inégale répartition géographique des professionnels de santé. Je ne vois pas comment, dès lors qu'il ne prévoit aucune mesure incitative ni coercitive de nature à pousser les médecins s'installer dans des lieux où ils sont sous-représentés. Du reste, les seuls praticiens à peu près bien répartis sur le territoire – pardonnez-moi d'en parler – sont les pharmaciens.

Autre argument avancé, la mutualisation des connaissances. Mais, quoi que vous en disiez, nous serons toujours, dans la L 1 santé, dans le cadre d'un concours où je ne pense pas que les étudiants soient enclins à mutualiser leurs connaissances. La mutualisation des connaissances des professionnels de santé ne peut être productive qu'au terme de quelques années d'apprentissage, d'enseignement, quand les uns seront devenus des pharmacologues et les autres des cliniciens – je pense à la quatrième et à la cinquième année hospitalo-universitaire, pour les pharmaciens notamment.

Ces deux raisons ne me paraissent donc pas valables, d'autant que ce que M. Door prend pour une contradiction de ma part n'en est pas une. Si, en effet, des formation de santé, en première année, doivent avoir la même base de connaissances, cela ne peut valoir, à mon sens, que pour des professions de santé amenées à travailler au quotidien ensemble dans les maisons pluridisciplinaires, dans les cliniques, les hôpitaux. Il ne me semble pas, dans cette hypothèse, que les pharmaciens soient les plus proches des médecins, au contraire des infirmiers et des kinésithérapeutes, cités dans l'amendement n° 14 et qui bénéficient d'une certaine forme de pratique clinique Jamais un pharmacien n'abordera un patient en termes cliniques.

Vous faites un pas pour améliorer la situation, certes, mais insuffisant. Voilà pourquoi je vous demande d'adopter notre amendement n° 13 qui demande que les étudiants en pharmacie ne soient pas intégrés à cette année commune. Réduisons ce qui est proposé au système en vigueur pour en constater les effets – quand bien même votre gouvernement, madame la ministre, a toujours des problèmes avec les études d'impact sur ses lois… Tâchons, dans un premier temps, d'appliquer la réforme aux trois formations qui se retrouvent dans les mêmes amphis aujourd'hui ; et s'il faut en rajouter, ce n'est certainement pas du côté des futurs pharmaciens qu'il faut chercher en premier, mais plutôt du côté des professionnels de santé amenés à « faire de la clinique » sur le patient.

Je vous invite donc à adopter les amendements nos 13 et 14 .

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