Il est difficile de connaître le sentiment véritable de la population égyptienne. Il n'y a pas dans ce pays de sondages dignes de ce nom ! Ce qui me paraît aujourd'hui préoccuper en priorité les Égyptiens est de savoir ce qu'ils vont manger, comment ils vont se soigner ou faire faire des études à leurs enfants. Leurs difficultés matérielles quotidiennes sont prioriaires. D'après le PNUD, 40% de la population égyptienne vivraient en-dessous du seuil de pauvreté.
Pour ce qui est des relations avec l'Europe, en 2009 déjà, les relations commerciales avaient été passablement affectées par la crise financière et l'Égypte avait pris la mesure de sa dépendance à l'égard de l'économie européenne. Aujourd'hui, l'Europe risque doublement de rater le coche. Sur le plan économique, avec les difficultés actuelles qui sont les nôtres, nous aurons du mal à nous impliquer financièrement dans la reconstruction, ce qui laisse place à d'autres acteurs, notamment les pays du Golfe, d'ailleurs les seuls à avoir fait des promesses sur ce point lors du dernier G 20 de Deauville. Marginalisés sur le plan économique, les Européens risquent de se trouver marginalisés aussi sur le plan politique s'ils stigmatisent les évolutions politiques en expliquant à la population qu'elle n'a pas fait le bon choix.