En effet, cela sera très coûteux pour l'Europe.
Ce qui se passe aujourd'hui dans le monde arabe donne une occasion unique de mieux connaître ces sociétés, parce que tout s'y trouve mis à nu. Il faudrait relever le défi, en profiter pour mettre en place des politiques à long terme et surtout viser à la cohérence. Or, les États-Unis par exemple, convaincus que les processus de transition démocratiques rapprochent à terme ces sociétés de leurs propres valeurs, entendent surfer sur cette vague démocratique et en tirer profit, sans pour autant revoir, de quelque façon que ce soit, leurs relations avec Israël. Comment serait-ce possible ? La plupart des acteurs sont ainsi prisonniers de leurs contradictions et ont du mal à intégrer la nouvelle donne.
Pour ce qui est de votre seconde question, oui, il existe un réseau d'acteurs islamistes qui se rencontrent et échangent au niveau international. Les islamistes, qui dans la région se voyaient par le passé comme une alternative radicale aux pouvoirs en place, se conçoivent aujourd'hui davantage comme un acteur parmi d'autres dans un processus dont il leur faut comprendre les mécanismes. Ils devraient être encouragés dans cette voie. Or, en Égypte, ce qui n'est pas sans inquiéter, l'armée fait tout pour limiter les effets de leurs résultats électoraux, alors que tout l'enjeu est de les intégrer dans un cadre institutionnel et politique capable de survivre à leur éventuelle volonté de subversion. Se met, hélas, en place en Égypte un système politique à la légitimité assez faible, que les islamistes pourront d'autant plus facilement remettre en cause, de l'intérieur comme de l'extérieur, pour peu qu'ils le souhaitent.