La communauté copte est extrêmement inquiète. D'une manière générale en Égypte, les clivages communautaires s'exacerbent dans les périodes de troubles, y compris au sein d'une même religion, comme parmi les musulmans entre sunnites et chiites, a fortiori entre confessions, comme entre chrétiens et musulmans. La montée en puissance du salafisme a aussi accru les tensions. Le repli communautaire, à l'oeuvre depuis plusieurs années, touche également la communauté copte. D'un côté, elle ne se sent plus protégée par l'armée, les militaires ayant par exemple réprimé dans le sang l'une de ses manifestations en octobre dernier. D'un autre côté, elle est extrêmement inquiète de la montée en puissance des islamistes. L'inquiétude, déjà vive, qu'elle avait éprouvée en 2005, lorsque les Frères musulmans avaient remporté 88 sièges au Parlement, est aujourd'hui décuplée. D'où un important mouvement d'émigration, notamment au Canada et aux États-Unis, où certains de ses membres ont déjà de la famille. Comme l'on trouve des coptes dans toutes les catégories de la population, la dégradation de la situation économique et sociale accentue bien sûr le phénomène.
Leur radicalisation, pour sa part, est antérieure à la révolution de janvier. La jeunesse copte, bien décidée à ne pas se laisser faire, s'était déjà organisée et divers mouvements plus ou moins extrémistes, confinant parfois à des milices, s'étaient constitués. Cette jeunesse se heurte d'ailleurs à la hiérarchie religieuse qui a toujours été très légaliste et faisait plutôt profil bas. Les jeunes tiennent d'ailleurs sa passivité pour partie responsable des malheurs actuels de la communauté. Ce clivage entre générations est très marqué.
Au sein du Bloc Égyptien, lequel n'est pas en lui-même un parti mais regroupe divers partis de gauche et partis libéraux, la composante qui attire le plus les coptes est le parti des Égyptiens libres, créé par l'homme d'affaires Naguib Sawiris, qui est à la tête d'un empire dans le domaine des télécommunications, et a créé ce parti, qu'il ne préside pas, dans l'objectif de fédérer l'ensemble des courants libéraux.