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Intervention de Sophie Pommier

Réunion du 20 décembre 2011 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Sophie Pommier, enseignante à l'Institut d'études politiques de Paris, directrice du Cabinet de conseil Méroé et spécialiste de l'égypte :

L'instabilité politique ainsi que l'insécurité qui peut s'en suivre pénalisent gravement l'économie. La paralysie gagne. Les opérateurs étrangers sont tétanisés, contraints de changer d'interlocuteur au fil des différents remaniements ministériels. L'activité touristique et les investissements étrangers ont très fortement chuté. Les deux seuls postes de ressources à n'avoir pas été affectés sont les revenus retirés du canal de Suez et les devises envoyées par les expatriés. Les fortes solidarités familiales qui existent dans la société égyptienne, comme d'ailleurs dans l'ensemble des sociétés arabes, ont joué un rôle d'amortisseur dans les premiers temps de la crise. Mais cette capacité d'amortissement s'épuise. Et on n'est nullement à l'abri d'un nouveau vent de révolte, davantage lié à la situation sociale, avec des personnes et des familles n'arrivant tout simplement plus à subvenir à leurs besoins, comme lors des émeutes de la faim en 1977 ou encore celles consécutives aux difficultés d'approvisionnement en pain en 2008 – les Égyptiens sont les premiers consommateurs de pain au monde, d'où d'ailleurs l'attention portée par les autorités au prix et à la disponibilité de cette denrée.

Si les Frères musulmans accèdent aux affaires, ils auront sans doute beaucoup de mal à faire redémarrer l'économie et résorber la pauvreté. Cela pourrait faire le jeu des salafistes qui, eux, continueront d'incarner une alternative, même s'ils n'ont pas de véritable programme économique. L'hypothèse du chaos, que j'évoquais, pourrait naître d'une situation sociale explosive, à l'instar de ce qui s'était passé en 1977 et avait été difficilement maîtrisé.

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