Je vous remercie de me donner la parole et j'espère que vous n'estimerez pas, à la fin de mon intervention, que celle-ci ne constitue pas un rappel au règlement – ce qui serait le fruit d'une interprétation subjective. En tout état de cause, prendre la parole maintenant me dispensera de le faire à nouveau ultérieurement. Vous y gagnez donc du point de vue de la gestion du temps, monsieur le président.
Le président Ollier, qui parlait tout à l'heure d'obstruction, confond manifestement cette notion avec celle de pédagogie politique, nécessaire pour éclairer l'opinion. Vous voulez abréger les débats en les menant au pas de charge, à la hussarde, comme aurait dit Napoléon – dont le Président actuel veut certainement s'inspirer, bien qu'il n'ait pas le même talent – et en ayant pour objectif de les clore prématurément.
Or, en tant que députés, nous sommes tous investis de la confiance de nos concitoyens et avons à ce titre le devoir de leur expliquer les coups tordus que vous manigancez. Le Président de la République a affirmé cette semaine qu'il entendait poursuivre les réformes (« Il a raison ! » sur les bancs du groupe UMP), ce qui signifie qu'il a l'intention de profiter de la crise pour continuer à détruire le socle social de notre pays. Ainsi, sans avoir lu Jaurès, Nicolas Sarkozy met en oeuvre l'un des préceptes de ce grand intellectuel, selon lequel « la réforme est toujours une étape vers le but final. »
Monsieur le président, nos collègues socialistes viennent de faire un geste de bonne volonté. Toutefois, si nous ne parvenons pas à prendre le temps nécessaire pour examiner comme il convient ce texte – ainsi que d'autres textes importants déjà débattus ou restant à débattre, tels ceux relatifs au repos dominical, au logement, à l'hôpital – et pour éclairer l'opinion en lui faisant prendre conscience des enjeux, il n'y a pas débat : c'est la loi du bâillon qui s'impose ! Le fait que l'on appartienne au même groupe ne signifie pas forcément que l'on a les mêmes choses à dire. Pensez-vous qu'il y ait toujours unité de pensée entre François de Rugy et Noël Mamère ? Bien sûr que non ! Il en est de même entre Maxime Gremetz et Jean-Pierre Brard…