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Intervention de Valérie Pecresse

Réunion du 9 novembre 2009 à 15h00
Commission élargie : commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, commission des affaires culturelles et de l'éducation, commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, commission des affaires

Valérie Pecresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Vous savez que le logement étudiant est un sujet qui me tient beaucoup à coeur. Nous avons considérablement accéléré les efforts depuis trois ans : un total de 30 000 places a été livré à la rentrée dernière dans le cadre de programmes de rénovation et réhabilitation, ce qui constitue un effort sans précédent. À cela s'ajouteront 12 000 unités supplémentaires l'année prochaine, ce qui porte le nombre des places supplémentaires à 42 000 places en quatre rentrées. Nous n'aurons jamais été aussi vite.

Dès lors que leur gestion n'est pas assurée par le CROUS, les logements construits par les bailleurs sociaux et les collectivités locales ne sont pas comptabilisés dans les statistiques du logement étudiant, ce qui fausse gravement les perspectives. Le pilotage de la politique du logement étudiant souffre naturellement de cette défaillance de notre tableau de bord.

Chacun sait que nous gagnerions beaucoup à associer davantage les collectivités locales, notamment là où il existe des pénuries. Lorsque j'étais députée de la circonscription de Versailles, nous sommes ainsi parvenus à construire 500 logements supplémentaires à Vélizy et à Voisins-le-Bretonneux en encourageant les élus à construire des logements étudiants avec l'intervention des bailleurs sociaux dans le cadre de la loi SRU. Certains élus ne sachant pas que les logements étudiants peuvent être pris en compte pour l'application du quota de logements sociaux prévu par la loi SRU, je compte améliorer l'information dans ce domaine.

Nous avons de très bons retours en ce qui concerne les opérations de réhabilitation de casernes : elles sont aisées et peu coûteuses à réaliser, car les militaires entretiennent bien leur patrimoine. Ce type d'opération est globalement une bonne affaire pour le ministère.

Je suis très favorable au développement des logements modulaires. L'idée de loger des étudiants dans des containers s'est d'abord heurtée à un certain nombre de réticences psychologiques et culturelles, mais nous avons réalisé un premier projet au Havre, ville portuaire, et nous avons maintenant des demandes en région parisienne. Je rappelle que ce type de solution a permis de réaliser aux Pays-Bas des logements très confortables, très pratiques et tout à fait adaptés. On peut construire de la sorte des logements deux fois plus grands, deux fois moins chers et deux fois plus rapidement.

J'ajoute que j'ai lancé un partenariat avec les chantiers Bénéteau pour construire des logements modulaires en bois sur le modèle estonien, comme nous l'avons déjà fait à Compiègne. Le résultat est certes un peu spartiate, mais très beau et très écologique. Je suis également parvenue à débloquer un certain nombre d'autres projets encalminés depuis des années, notamment à Fontenay-aux-Roses, à Bobigny et à Bures-sur-Yvette.

La réquisition des logements vacants ne dépend pas de moi. C'est à la représentation nationale de prendre ses responsabilités dans ce domaine.

Dès mon entrée en fonctions, les associations étudiantes m'ont alertée sur la vétusté de la cité universitaire d'Antony, généralement considérée comme une honte pour la République. La commission de sécurité a conclu qu'on ne pouvait plus louer le bâtiment C, qui n'était plus aux normes – il est notamment trop vétuste et amianté. J'ai pu constater sur place, en compagnie de Patrick Devedjian, que les chambres étaient effectivement dans un état de délabrement inouï et posaient des problèmes de sécurité.

Même si tous les goûts sont dans la nature, force est de constater, par ailleurs, que la conception des bâtiments, repliés sur eux-mêmes, va à l'encontre de notre politique de développement de campus ouverts sur la ville et qu'il est aberrant, d'un point de vue architectural, de tourner le dos au parc de Sceaux, situé juste à côté. Je ne suis pas la seule de cet avis, car un bâtiment a déjà été détruit dans les années 1980 à la demande expresse de François Mitterrand, qui s'était étonné de la présence d'une telle verrue.

Eu égard au caractère politiquement sensible de ce doosier, cette résidence ayant notamment hébergé d'illustres responsables du parti socialiste tels que Lionel Jospin, Claude Allègre et Jean-Paul Huchon, et surtout considérant la pénurie aiguë de logements en Ile-de-France, j'ai demandé des garanties avant le transfert de propriété des locaux, qui est de droit en application de la loi du 13 août 2004. Le président du conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, a pris l'engagement de construire 3 000 nouveaux logements nets au cours de son mandat et de construire 1,2 logement avant la destruction de toute place dans la résidence universitaire d'Antony.

Il faut également être conscient que les 800 logements qui doivent être détruits ne pouvaient plus être loués à cause de leur vétusté. Dans l'immédiat, d'autres logements du CROUS ont été attribué à tous les occupants concernés. Les locaux actuels seront ensuite remplacés par 1 500 logements neufs pour lesquels des financements ont déjà été réunis.

Au total, la construction de 1 000 chambres a été lancée dans le seul département des Hauts-de-Seine, celle de 800 autres est financée et 250 ont été livrées à la rentrée. La superficie de ces chambres est comprise entre 14 et 18 mètres carrés, contre seulement 10 mètres carrés à Antony, où les toilettes sont au fond du couloir. Il n'est donc pas question de supprimer des logements pour les étudiants dans les Hauts-de-Seine, mais au contraire d'héberger ces étaudiants dans des conditions plus dignes.

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