Lorsque nous avons été reçus par la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, Mme Roselyne Bachelot-Narquin, celle-ci nous a demandé si nous consentions à ce que la question de la place des femmes dans les syndicats soit tranchée par la loi. Le président de la CFE-CGC et moi-même avons répondu que, le cas échéant, nous l'accepterions : nous n'avons pas à nous exempter d'un effort que nous demandons à d'autres.
La CFE-CGC présente la particularité de n'avoir pour adhérents que des administratifs, des techniciens, des agents de maîtrise, des ingénieurs et des cadres. En conséquence, il nous est plus difficile qu'aux autres syndicats de trouver des femmes pour assumer des responsabilités au sein de nos structures. Cependant, loin de vouloir les écarter des responsabilités, l'exécutif confédéral souhaite au contraire leur en donner à tous les niveaux. Mais ce n'est pas si facile. Ainsi, avant notre dernier congrès, nous avions négocié avec son entreprise la possibilité pour une de nos adhérentes, désignée par son syndicat, d'exercer un mandat – le même que le mien – à mi-temps à la confédération. Une fois l'intéressée élue, l'entreprise a fait marche arrière : c'est donc une femme de moins pour notre exécutif confédéral !
Celui-ci comporte une secrétaire générale – Mme Carole Couvert – et, parmi les sept secrétaires nationaux, deux femmes, Mmes Danielle Karniewicz et Marie-Françoise Leflon. Cependant, au total, sur les 26 élus, nous ne sommes que six, soit 23 % de l'effectif, parce qu'il n'y a que trois femmes parmi les délégués nationaux.
D'autre part, sur les 61 salariés de notre siège social, quarante sont des femmes, dont la chef de cabinet de notre président et beaucoup de chefs de service.
Si donc la volonté ne fait pas défaut au niveau confédéral, plus nous descendons dans nos structures, plus la situation est difficile. Elle est par exemple insatisfaisante dans trois de nos plus importantes fédérations, celles de l'agro-alimentaire, de la métallurgie et de la chimie.
Pourquoi ? D'abord, nous constatons un manque de candidatures féminines. Je rejoins sur ce point les raisons avancées par Pascale Coton : les nouvelles règles de la représentativité dans l'entreprise nous posent problème. Par ailleurs, seuls les « mandats lourds » – dans les entreprises importantes, ce sont en général ceux de secrétaire et de trésorier du comité d'entreprise, de secrétaire de la section syndicale et de secrétaire du comité d'hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) – garantissent vraiment des heures de délégation en nombre utile. Les autres mandats ne permettent que d'en glaner quelques-unes de-ci, de-là. Exercer une responsabilité syndicale en disposant de cinq heures par mois, ou de vingt pour un mandat au CHSCT, est déjà compliqué pour les hommes – leur carrière en pâtit –, mais ce l'est encore plus pour les femmes : à certaines, employées à trois quarts de temps, on est allé jusqu'à dire qu'il leur était impossible de continuer à concilier leur travail et leur mandat.
Autre raison de nos difficultés : la proportion de femmes parmi les syndiqués à la CFE-CGC n'est que de 28,05 %. Et parmi nos élus, cette proportion de femmes est encore moindre dans les postes à responsabilité de certaines de nos fédérations : il arrive même que des femmes compétentes soient dissuadées de s'y présenter ! Cependant, alors que, pour y accéder, il faut avoir une carte syndicale, ce n'est pas toujours le cas dans nos unions régionales et départementales, et nombre de ces postes – peut-être même trop – y sont occupés par des retraités et trop peu par des femmes. Il y a donc un travail de longue haleine à conduire et j'entends y consacrer la dernière partie de mon mandat en commençant par un tour des régions où sont implantées les plus importantes fédérations et les plus grosses entreprises.
La loi du 20 août 2008 nous pose à nous aussi un problème, d'autant qu'en raison de son caractère de syndicat catégoriel, la CFE-CGC est une petite organisation.
Pour résumer, si nous ne connaissons aucune difficulté de mentalité à l'échelon confédéral, la situation est plus compliquée dans les fédérations, dans les unions régionales ou départementales et dans les entreprises.