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Intervention de colonel Jean-Claude Goyeau

Réunion du 29 novembre 2011 à 16h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

colonel Jean-Claude Goyeau :

Cela pose la question du célibat géographique. Le métier de gendarme est tellement spécifique que les femmes déclarent – je parle sous le contrôle de Sylvie Clément – rechercher quelqu'un qui comprenne les sujétions exorbitantes qu'elles vont devoir vivre au quotidien.

Dans cette même cohorte de 1999, 18 % des femmes se retrouvent en unité de recherche, contre 9 % des hommes. Les femmes sont plus présentes dans les unités de type état-major, organismes centraux, jusqu'au niveau compagnies et groupements. En revanche, elles sont sous-représentées dans les unités d'intervention comme les pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) ou les unités de sécurité routière– 1 % seulement de femmes dans la cohorte, contre 8,7 % chez les hommes. Enfin, dans les unités territoriales, qui constituent le coeur de métier, il y a égalité entre les femmes et les hommes – 54 % dans les deux cas.

J'en viens à la problématique des femmes dans l'encadrement supérieur. Jusqu'à présent, le concours des officiers était interne pour une très large partie. Quant au concours externe, il s'adressait aux grandes écoles militaires. C'était un frein puissant à la féminisation du corps des officiers. Celle-ci a vraiment commencé à partir du moment où le concours a été ouvert aux universitaires, c'est-à-dire en 2002. Nous avons alors constaté un afflux de femmes qui irriguent désormais le corps des officiers. Nous avons aujourd'hui 320 officiers de gendarmerie féminins sur environ 6 000 (soit plus de 5 %). Les femmes sont présentes dans quasiment tous les grades, mais leur proportion est néanmoins encore extrêmement faible dans les strates supérieures – 24 seulement sont officiers supérieurs de gendarmerie (de chef d'escadron à colonel) dont 3 colonelles (soit 1 %). Sachant qu'il faut près de vingt ans pour accéder au grade de colonel, il faudra attendre une dizaine d'année pour avoir une forte proportion de femmes dans les grades terminaux.

En matière d'affectation, les femmes sont présentes partout : dans les gendarmeries spécialisées, la gendarmerie de l'air, les transports aériens, sur le territoire métropolitain et l'outre-mer, dans la gendarmerie mobile, la garde républicaine. Toutes les carrières leur sont ouvertes et elles sont présentes dans tous les métiers et dans toutes les subdivisions d'armes. La réussite au concours de l'École de guerre est un paramètre que nous surveillons très attentivement, car c'est une étape fondamentale pour l'accès aux fonctions dirigeantes. Aujourd'hui, sur 35 femmes officiers qui peuvent être candidates à l'École de guerre, 13 se sont présentées au concours, soit 37 %, dont 5 ont été reçues, c'est-à-dire 38 %. Il est intéressant de faire la comparaison avec les hommes. Ils sont un peu plus nombreux à se présenter au concours – 45 % –, mais seulement 21 % d'entre eux le réussissent. Le jury masculin composé de cadres dirigeants de l'institution, devant lequel les candidats passent leur oral, estime ainsi que les femmes possèdent les qualités requises.

S'agissant de la situation matrimoniale, 58 % des officiers féminins n'ont pas d'enfants. Ces femmes souhaitent privilégier leur carrière, sachant que le fait d'avoir des enfants n'est pas incompatible avec un tel métier. Elles ont ainsi en moyenne 0,6 enfant, contre 2,2 pour les officiers masculins – mais une colonelle a eu deux enfants ce qui démontre que ce n'est pas l'institution qui freine les maternités mais sans doute que cela correspond à des états transitoires, à des reports de maternité. L'endogamie est également beaucoup plus importante chez les femmes officiers : 36 %, contre 3 % chez les hommes.

Sur le plan de la représentativité dans le recrutement initial à l'EOGN, 44 % des candidats sont des femmes en 2011. Nous parvenons donc presque à la parité. Bien entendu, il faudra attendre dix ou quinze ans pour que cela se traduise au niveau de la population globale.

Le secrétariat général du ministère de l'intérieur a chargé un haut fonctionnaire, M. Dupont, avec lequel nous sommes en relation, de suivre cette question de la féminisation. Au niveau des formations initiales, nous mettons également en place des référents particuliers pour traiter des problèmes spécifiques aux femmes dans les écoles afin d'éviter l'attrition. D'une manière générale, nous avons instauré un dialogue de gestion individualisée permettant de prendre en compte les aspirations de carrière et, pour les femmes, de planifier les épisodes de maternité. Nous voulons en effet permettre à nos personnels de planifier leur vie personnelle et familiale. En matière de parité, nous devrions bientôt pouvoir disposer d'une batterie d'indicateurs plus fins. En outre, nous sommes très attentifs à l'image que nous donnons en l'espèce. Nous devons être accueillants si nous voulons favoriser l'accès des femmes. Depuis très longtemps, nous sommes ainsi très attentifs à la composition de nos centres d'information et de recrutement – CIR – qui sont majoritairement féminins. Nous veillons également à ce que les femmes soient très présentes sur les vecteurs d'images que sont les affiches ou même, dans la mesure du possible, la télévision – c'est le cas pour la série « Une femme d'honneur » dont l'héroïne qui a commencé comme adjudant-chef, est aujourd'hui capitaine.

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