Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je veux tout d'abord rendre hommage au combat républicain mené à Marseille par l'ensemble des parlementaires marseillais, notamment ma collègue et amie Sylvie Andrieux. Je veux également saluer l'excellent travail du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France et de son président, Pascal Chamassian, ainsi que de l'ensemble des associations oeuvrant pour la reconnaissance du génocide arménien.
La proposition de loi qui nous est soumise, visant à transposer le droit communautaire sur la lutte contre le racisme et à réprimer la contestation du génocide arménien, prévoit de punir ceux qui se seront rendus coupables d'apologie, de négation ou de banalisation grossière publiques des crimes de génocide, des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre. Enfin, ai-je envie de dire, et surtout tant mieux ! Tant mieux pour tous nos amis arméniens, et je salue en particulier mes amis de la communauté arménienne de Marseille, qui avoisine actuellement 80 000 personnes.
Élu de terrain dont la proximité est une philosophie plutôt qu'une attitude préélectorale, j'ai été de tous les combats oeuvrant pour la pénalisation de la négation du génocide arménien. Aujourd'hui encore j'entends des arguments diplomatiques évoquant les conséquences que pourrait engendrer l'adoption d'une loi sanctionnant la négation du génocide arménien. Je veux vous rappeler que c'est à cause de ce type de raisonnement technocratique et sans coeur que nos amis arméniens ont été victimes du premier génocide du xxe siècle, sans même que les nations s'insurgent !
« Il faut sauver les Arméniens ! », s'écria Jaurès le 3 novembre 1896 pour condamner un drame abominable. Malgré ces formidables mots prononcés devant les représentants de la nation, des mots qui auraient dû les alerter, les Arméniens allaient souffrir jusqu'en 1915. On trouve déjà trace dans les rapports internationaux rédigés pendant la guerre de la mention de « génocide ». Leurs auteurs décrivent – c'est la qualification juridique même du génocide – le caractère systématique du programme de suppression des Arméniens.
En 1914, on assiste à la déportation de toutes les populations civiles arméniennes vers les déserts de Syrie pour de prétendues raisons de sécurité. La destination réelle de ces populations, ce sera en fait la mort ! Durant la Première Guerre mondiale, 1,5 million d'Arméniens ont été tués sur place ou sont morts au cours de leur déportation, soit les deux tiers de la population arménienne vivant dans l'Empire ottoman.
Le génocide et sa négation ont été des réalités trop longtemps niées. Je voudrais rappeler ici combien de fois j'ai été choqué d'entendre des personnes contester, en toute impunité, jusque sur le territoire français, l'horrible réalité du génocide arménien. La Turquie de 1915 a été le théâtre d'une extermination méthodique et planifiée du peuple arménien. Depuis le grand procès de Nuremberg, ces actes ont un nom : génocide. Il n'est pas acceptable que de tels actes soient encore niés et leur négation impunie.
Je voudrais maintenant m'arrêter un instant sur le sort des Arméniens de Marseille.