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Intervention de Richard Mallié

Réunion du 22 décembre 2011 à 9h30
Répression de la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRichard Mallié :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des lois, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, le 29 mai 1998, l'Assemblée nationale adoptait à l'unanimité une proposition de loi comprenant un seul article : « La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915 ». Il s'agit en l'espèce d'une loi mémorielle. Cette reconnaissance est devenue officielle avec la loi du 29 janvier 2001. Par cet acte symbolique, la République française redonna au génocide arménien une place dans la mémoire collective de l'humanité. Notre pays a ainsi rendu au peuple arménien la part de lui-même qu'il avait perdue 85 ans plus tôt. Il aura fallu beaucoup d'espoir et de pugnacité à cette communauté pour mener à bien son combat pour la reconnaissance du génocide qui a si douloureusement marqué son histoire et continue à la marquer aujourd'hui encore.

Dans les Bouches-du-Rhône, les Français d'origine arménienne sont particulièrement nombreux et, pour avoir bien souvent échangé avec eux, je sais combien les atteintes à la mémoire qu'ils continuent parfois de subir sont douloureuses. Je mesure à chacune de ces rencontres toute la richesse de la communauté arménienne et la grandeur d'âme qui fait la force d'un peuple qui a tant souffert.

En effet, il aura fallu plusieurs décennies pour que les massacres, les arrestations arbitraires, les déportations dont les Arméniens ont souffert soient officiellement reconnus par la République française. Mais la reconnaissance de 2001 n'était pas suffisante, car nous avons pu voir, depuis, des manifestations ou des prises de position publiques niant ce génocide. Un travail législatif restait donc à réaliser afin de pénaliser le négationnisme de ce génocide.

C'est pourquoi, en 2006, l'Assemblée nationale a examiné une proposition de loi réprimant la contestation du génocide arménien, proposition corédigée par cinq parlementaires de tous bords politiques – les sénateurs Jean-François Ficheral et Robert Bret ainsi que les députés Christophe Masse, Roland Blum et moi-même – et cosignée par de nombreux parlementaires. Après l'adoption de ce texte, en octobre 2006, l'émotion était palpable dans cet hémicycle. Ce jour-là, les parlementaires ont eu l'impression de rendre enfin sa dignité au peuple arménien.

Cependant, l'illusion du devoir accompli l'emporta sur les promesses faites et, depuis cette date, ce texte n'a pas reçu un accueil favorable au Sénat. Aussi examinons-nous ce matin un texte différent de celui de 2006, plus général, car il transpose une décision européenne permettant de réprimer la contestation d'un génocide. Dans le texte déposé par notre collègue Valérie Boyer, le fait de contester ou de minimiser de façon outrancière l'existence d'un crime de génocide reconnu comme tel par la loi française est constitutif d'une infraction. Ainsi, dès lors que notre République aura reconnu un génocide dans la loi, sa négation sera de facto réprimée par notre droit pénal. Toute personne qui enfreindra ce principe par des discours, des écrits, des dessins, des affiches ou par voie électronique sera punie d'une peine d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.

Après l'adoption de ce texte, les deux génocides seront nommément reconnus comme ne pouvant être niés. C'est une grande avancée pour notre pays ; nous serons enfin cohérents avec les textes votés.

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