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Intervention de Francis Delon

Réunion du 14 décembre 2011 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Francis Delon, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale :

Je tiens à préciser que j'écoute avec beaucoup d'attention vos interventions, qui viendront nourrir le document que nous sommes en train de rédiger.

Si nous avons estimé, monsieur Bouvard, qu'il n'était pas possible de faire participer l'Assemblée nationale et le Sénat à l'exercice, c'est que celui-ci ne représente qu'une parcelle du travail préparatoire à la révision du Livre blanc. Le Parlement sera associé à la deuxième partie du travail, la plus substantielle. Se posait en outre la question des délais. Mais, comme vous, je suis persuadé que l'aide de parlementaires avisés ne peut qu'être très utile.

Notre ligne politique constante au Sahel, monsieur Lecou, est de nous appuyer sur les États. Nous évitons toute action pouvant apparaître comme une interférence dans leur politique intérieure. La question des Touaregs est éminemment sensible pour le Mali comme pour d'autres pays de la région. Nous n'avons de relations à ce sujet qu'avec les autorités de Bamako.

Vous avez raison, monsieur Guibal, d'évoquer ici l'Union pour la Méditerranée car il est évident que cette zone doit retenir toute notre attention, s'agissant de nos intérêts de sécurité

Notre analyse, monsieur Cochet, abordera les questions d'accès à l'eau, à la nourriture et à l'énergie, qui sont en effet structurantes en matière d'équilibre stratégique.

Sans doute vos interrogations au sujet du Sahel, monsieur Loncle, n'appellent-elles pas de réponse directe. La France, bien entendu, s'efforce de se donner les moyens de gérer ses interventions militaires.

Je ne crois pas, monsieur Vauzelle, que le retour de la France dans la structure intégrée de l'OTAN et la présence de militaires français dans cette structure constituent un abandon de souveraineté, et je ne pense pas que ce soit l'impression générale des Français. Notre pays a joué un rôle majeur dans l'intervention en Libye sans avoir à recevoir d'ordres de personne.

Vos interrogations, monsieur de Charette, ont également trait aux conséquences du retour de la France dans l'OTAN sur la défense européenne et sur notre autonomie stratégique, qui est pour nous l'enjeu principal des prochaines années. Même s'il y a pu avoir une inquiétude au moment où l'on a pris la décision du retour, je ne crois pas que ce processus ait affaibli notre autonomie stratégique – concept à mes yeux majeur à l'horizon 2020. Il faut d'ailleurs rappeler que la France a déjà fait partie de la structure intégrée par le passé. Aujourd'hui, dans l'équilibre des forces au niveau mondial, nous ne sommes pas en situation de dépendance stratégique.

J'en viens à votre question sur la capacité de la France de mener désormais une action en dehors d'une alliance occidentale. À la vérité, je vois assez peu de situations dans lesquelles la France pourrait être amenée à agir autrement qu'en relation étroite avec ses alliés occidentaux. Cela l'empêchera-t-elle de dire non à certaines interventions comme elle l'a fait par le passé, notamment au sujet de l'Irak ? Je ne le crois pas !

L'aide au développement, évoquée par M. Bacquet et M. Bouvard, est insuffisante et, d'une certaine façon, le sera toujours. Elle peut néanmoins jouer un rôle. Je le répète, un des moyens de lutter contre AQMI passe par cette aide combinée à l'action militaire.

La Chine, monsieur Bacquet, occupe désormais une place de tout premier plan dans le paysage stratégique mondial. Les États-Unis la considèrent comme leur principal concurrent et compétiteur – je ne dirai pas « ennemi », tant les relations de coopération sont importantes. La Chine augmente régulièrement ses budgets militaires, avec des ambitions à la mesure de son poids croissant sur la scène politique. Dans les années 1990, au Conseil de sécurité de l'ONU, elle s'intéressait essentiellement à son environnement proche. Aujourd'hui, elle se comporte comme un acteur mondial ayant une approche globalisée.

Cela étant, ses dépenses de défense représentent de façon relativement stable 2 % de son PIB.

Une intervention en Syrie, monsieur Rochebloine, devrait tirer sa légitimité d'une résolution du Conseil de sécurité. Or celui-ci, selon toute probabilité, ne bougera pas. La Russie, en particulier, s'oppose vigoureusement à toute idée d'intervention. En tout état de cause, le sujet n'est pas à l'ordre du jour.

Nous avons accru nos relations avec la Russie, monsieur Bouvard, comme l'atteste, entre autres, l'autorisation de la vente de BPC (bâtiments de projection et de commandement) à ce pays. Cela étant, la Russie n'a plus le même rôle dans le paysage stratégique international que celui qu'elle a pu jouer jusqu'aux années 1990. Sa démographie déclinante, par exemple, constitue une faiblesse structurelle.

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