Je regrette que le Parlement n'ait pas été associé à l'élaboration de cette « toile de fond ». Au vu du nombre des questions posées aujourd'hui, ne pensez-vous pas qu'il aurait été utile d'inviter quelques députés et sénateurs avertis à enrichir la réflexion ?
Au cours de votre exposé, vous n'avez pas mentionné une seule fois la Russie. Or j'ai pu constater, à l'occasion de la réunion de la grande commission parlementaire France-Russie, combien les Russes se tournent vers notre pays. Sans doute devriez-vous prendre davantage en compte les relations entre nos deux nations.
J'ai également participé il y a une semaine, avec plusieurs collègues, au Forum transatlantique de Washington. Il apparaît que, pour les Américains, l'Alliance atlantique représente non seulement l'avenir militaire, mais aussi l'avenir politique, et que cette évolution est souhaitée par nombre de nos partenaires européens.
Concernant l'Afrique, j'ai été étonné de vous entendre parler de « puissance émergente ». Je me permets de vous renvoyer au livre de Paul Collier The Bottom Billion, ce milliard d'individus qui n'émergeront jamais et qui, pour la plupart, sont des Africains. La population de l'Afrique doublera en vingt ans, mais il faut regarder dans quel état elle se trouve et combien de personnes vivent avec moins d'un dollar par jour ! Bref, je pense que l'Afrique n'est pas un élément de force mais un élément de grande faiblesse, et l'aide au développement que nous pouvons apporter est une goutte d'eau dans l'océan. Pour avoir participé à une mission sur le développement, j'ai été atterré par le peu d'impact de notre action. En Afrique noire, c'est une véritable catastrophe. Je pense donc que votre analyse est un peu trop optimiste.