Comme Martine Billard, je suis navré que nous en soyons toujours, après tant de temps, à déplorer les mêmes difficultés. Contrairement à ce qu'on pourrait penser en effet, elles ne sont pas liées à la conjoncture économique. Le problème est structurel : il y aura toujours nécessité d'accompagner des personnes qui, pour une raison ou une autre, se trouvent à un moment donné éloignées de l'emploi.
Madame Hoppé, le financement reste ce qu'il était il y a des années de cela : chaotique, complexe, injuste et limité à l'année alors même que le sujet nécessite stabilité et continuité. Tant que nous n'aurons pas conforté les structures d'insertion et consolidé des dispositifs – aides au poste, contrats aidés – soumis à d'incessants changements, nous ne pourrons mener des politiques d'insertion efficaces. Sans pluriannualité, il ne peut y avoir de véritables parcours d'insertion. Ceux-ci sont impossibles avec des contrats de six ou sept mois.
Il faut aussi organiser la complémentarité entre les ressources qu'offrent les différentes structures d'insertion et celles que peuvent procurer les collectivités territoriales, au travers des clauses sociales notamment : tous ces outils peuvent être utiles à des stades divers du parcours d'insertion.
Je suis également navré que nous soyons encore obligés d'insister en faveur d'une approche globale. Demander aux structures d'insertion de n'agir que sur l'emploi, alors même que leurs publics rencontrent des problèmes bien plus variés, c'est les condamner à l'inefficacité. De ce point de vue, il me paraît indispensable de clarifier le rôle des collectivités territoriales. Nous avions imaginé que les départements seraient les instigateurs des politiques d'insertion, mais l'institution du revenu de solidarité active ne semble guère avoir amené de progrès en ce sens : départements et régions ont les uns et les autres leurs politiques et il n'y a toujours pas de pilote.
Lorsque j'étais président du conseil général, j'ai présidé le conseil départemental d'insertion par l'activité économique. Pardonnez-moi, mais cette grand-messe ne sert à rien, si ce n'est à nous faire perdre notre temps. Il faut inventer des lieux où nous pourrions travailler ensemble au quotidien et non des lieux qui servent à montrer aux autres à quel point nous avons bien travaillé. J'espère que notre débat nous permettra d'avancer dans cette voie.