Les adolescents référents sont, comme je l'ai mentionné, inspirés des éco-délégués, qui sont élus par leurs camarades et formés par un enseignant volontaire aux gestes quotidiens du développement durable comme éteindre la lumière quand on sort de la classe ou utiliser les feuilles recto verso. Leur action auprès de leurs camarades permet de réaliser des économies de fonctionnement, même s'il faut recommencer cette formation chaque année.
En place, à titre expérimental, depuis septembre, les adolescents référents, qui ont reçu une formation en matière de santé, ont pour rôle d'entrer en contact avec un camarade qui se drogue ou qui est rivé à un écran pour l'inciter, par exemple, à pratiquer un sport. L'agence régionale de santé soutient l'initiative et la région Centre a alloué un petit budget pour encourager ces jeunes à se mobiliser sur les problèmes de nutrition, de drogue ou d'alcool car il n'est pas rare en milieu rural qu'un jeune rentre le mercredi soir ivre mort à l'internat. Nous envisageons d'étendre cette prévention à l'éducation sexuelle, car nous constatons une recrudescence des grossesses précoces – dont quelques-unes sont voulues, car c'est aussi une façon de s'opposer aux parents.
S'agissant de la nutrition et de la santé, le programme national Nutrition santé I ne concernait que les professionnels de santé et les ministères parties prenantes au programme. Or tous ces acteurs se sont aperçus que l'appui des collectivités locales leur était indispensable pour mener des actions emblématiques comme par exemple la distribution d'un fruit à la récréation. L'Association des maires de France m'a alors demandé de participer à un groupe de travail sur la façon dont nos collectivités pourraient s'impliquer dans ce programme, ce qui, accessoirement, m'a permis de réaliser que, comme M. Jourdain de la prose, je faisais depuis longtemps de la prévention sans le savoir – en particulier dans la maison de retraite gérée par le centre communal d'action sociale, où je luttais contre la dénutrition des personnes âgées en formant le personnel en conséquence.
Il convenait en premier lieu de déterminer les compétences respectives des collectivités locales et de l'État en matière de santé, car ces champs se recoupent. À partir de ce constat, nous avons créé, au sein du programme national Nutrition santé II, le label « Villes actives » destiné aux communes qui s'engagent à mettre en oeuvre chaque année une des priorités du programme, que ce soit les maisons de retraite, l'alimentation ou le sport.
Un colloque est prévu tous les deux ans – le premier s'est déroulé à Nancy et le second cette année à Marseille – pour évaluer l'engagement des collectivités. Cela commence par l'urbanisme. L'organisation de notre espace de vie contribue en effet à la préservation de la santé : cheminements doux afin d'améliorer la sécurité des piétons et des cyclistes, aménagements divers, cages d'escaliers rendues plus attractives pour diminuer le recours à l'ascenseur – je pense au travail réalisé en la matière par un architecte à Bordeaux et à Nancy dans le cadre de la réhabilitation ou de la construction d'immeubles. En matière d'alimentation, l'accent a été mis non seulement sur l'équilibre des repas servis dans les restaurants scolaires, mais également sur la consommation effective de ces repas par les enfants, en vue de réduire la quantité de déchets. Il convient également de promouvoir l'achat de produits locaux et la consommation des fruits et légumes de saison.
Hormis les actions dans le cadre des cantines, c'est notamment dans le cadre de « Villes actives » qu'a été généralisée la formule des pédibus, expérimentée en centre-ville. Mais, d'une part, il n'est pas besoin d'avoir le label pour s'emparer des bonnes pratiques et, d'autre part, se pose la question de la transposition du dispositif en milieu rural. Nous réfléchissons à un système de vélobus, ce qui implique de créer des accès cyclables pour les enfants et de prévoir des abris à vélos dans les écoles. Nos politiques d'aménagement sont désormais pensées en fonction de préoccupations tournant autour de la santé – il en est ainsi, dans ma commune, de la réorganisation du restaurant scolaire.
L'Association des maires de France a créé un groupe de travail sur la restauration collective et sur les achats responsables. Avec son soutien, notre commune a répondu à l'appel à projets national relatif au programme national d'alimentation : nous prévoyons de réaliser des fiches sur nos pratiques en vue de les diffuser auprès de toutes les mairies de France.