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Intervention de Isabelle Maincion

Réunion du 8 décembre 2011 à 9h30
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Isabelle Maincion, maire de La Ville-aux-Clercs, représentant l'Association des maires de France :

Maire d'une commune de mille trois cent quarante habitants, je suis depuis déjà quelques années membre du comité de pilotage du programme national Nutrition santé pour l'Association des maires de France, et je préside le pays vendômois qui regroupe 105 communes pour lesquelles nous essayons d'élaborer un contrat local de santé, afin d'aider l'agence régionale de santé à coordonner les actions de prévention mais, également, à favoriser l'accès aux soins.

Il y a autant de façons d'aborder la question de la prévention qu'il existe de communes en France ! Certaines municipalités importantes comme Besançon, Rennes ou Marseille se sont engagées depuis longtemps sur ce terrain et l'Association des maires de France a commencé en 2004 à réfléchir aux actions à mener dans ce domaine. Il reste que les différences demeurent importantes entre les « villes Santé » de l'Organisation mondiale de la santé et les petites communes qui essaient de faire selon leurs moyens. J'ajoute que de tels projets dépendent également de la motivation des élus.

Il reste que des actions intéressantes ont ainsi été conduites, en particulier par plusieurs communes du nord de la France dans le cadre du programme « Ensemble prévenons l'obésité des enfants ». À ce propos, il est compréhensible que nombre d'entre elles aient été choquées qu'on les accuse de « faire grossir » les enfants quand tant de maires – j'en suis – s'emploient à améliorer la restauration scolaire.

Pourquoi les enfants sont-ils en surpoids ? L'alimentation n'est pas seule en cause : il faut également incriminer le manque d'exercice, aggravé par la prolifération des écrans. Mais le goût de la facilité, qui mène à une « américanisation » des comportements, induit aussi un abus de boissons sucrées ou de plats préparés. D'autre part, un enfant qui ne mange pas correctement à la cantine ou chez lui est porté à grignoter toute la journée.

Les communes ont toute latitude pour adapter les menus des cantines aux besoins des enfants et à ce qu'ils peuvent accepter, mais – et c'est tout l'enjeu du programme national d'alimentation – elles doivent aussi former leur goût, leur apprendre à manger ! Un autre travail consiste à former les personnels de cantine. L'Association des maires de France a, quant à elle, pour mission d'encourager les bonnes pratiques et d'empêcher que des maires ne reculent devant cette mission supplémentaire. Nous sommes à peu près tous réticents à l'accumulation des réglementations contraignantes, incompréhensibles, inapplicables et donc mal appliquées : d'ailleurs, il a fallu trois ans pour que celle qui régit la restauration scolaire devienne à peu près intelligible pour tous !

Il est évidemment plus facile de proposer des repas variés quand on sert 3 000 ou 4 000 repas par jour qu'une centaine. Quoi qu'il en soit, le chantier est ouvert mais je ne sais pas ce qu'il en adviendra : son sort dépendra des intérêts et des moyens de chacun.

Il revient également aux communes d'organiser et de coordonner les associations sportives pour favoriser l'accès au sport du plus grand nombre.

La conclusion avec les agences régionales de santé de contrats locaux de santé, quant à elle, est plus facile dans les grandes agglomérations qui disposent d'un atelier Santé Ville, comme à Marseille, première ville à s'en être dotée. Dès 2003, j'ai participé pour la région Centre aux réflexions menées dans le cadre du schéma régional d'organisation sanitaire. II devait définir un territoire de santé pertinent, car il importe de travailler à une échelle inférieure à celle du département. Mais nous n'avons pas réussi, et nous en sommes donc restés à l'échelon départemental, avec toutes les incohérences que cela implique quand on défend une vision régionale de l'organisation des soins et de la prévention.

En la matière, comme l'association des communautés de communes de France s'en est d'ailleurs rendu compte, les situations diffèrent d'une région à l'autre. La région Bretagne, par exemple, semble très en avance alors que, dans la région Centre, seuls six ateliers Santé Ville et deux pays disposeront d'un contrat local de santé en 2012.

Cette coordination est pourtant d'autant plus nécessaire que les communes, les départements et les régions méconnaissent les différents intervenants : nous ignorons les compétences de chacun. En tant que membre du groupement régional de santé publique, je me faisais parfois remplacer aux réunions du comité technique par l'un de mes collègues, par ailleurs pharmacien : quelle n'a pas été sa surprise de découvrir qu'une association de sa commune – de deux mille habitants – avait déposé une demande de subvention pour une action de prévention ! Il en ignorait son existence… Le domaine de la santé est organisé en tuyaux d'orgue depuis longtemps, d'où une situation complexe pour les collectivités qui tentent de travailler de façon transversale. Avec des moyens financiers limités, nous essayons quant à nous de nous organiser, dans notre pays du Loir-et-Cher, avec l'observatoire régional de santé et avec un observatoire des territoires unique en France.

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