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Intervention de Bassma Kodmani

Réunion du 12 octobre 2011 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Bassma Kodmani, membre du Bureau exécutif du Conseil national syrien :

Je souhaite évoquer les principales préoccupations actuelles du CNS.

Celui-ci a vu le jour après plus de deux mois de consultation. Tout au long de sa formation, les forces politiques traditionnelles de Syrie, qui s'entredéchirent habituellement, ont suivi le mouvement de la rue : lorsque les jeunes, c'est-à-dire les comités de coordination sur le terrain, ont indiqué qu'ils voulaient le rejoindre, les autres forces ont suivi. Cela est très intéressant pour l'avenir et explique sans doute le succès du CNS, qui semble avoir rallié environ 80 % de l'opposition.

La situation politique dans le pays, qui est très mouvante, repose sur ces deux composantes principales : les forces politiques traditionnelles, qui sont présentes dans le CNS – élément important car signe d'unité –, mais ne sont pas forcément les plus importantes sur le terrain, et le mouvement de révolte proprement dit.

Il reste toujours des personnes critiques à l'égard du CNS, mais notre porte leur reste ouverte pour qu'ils nous rejoignent. Cette instance est un cadre national alternatif, à l'intérieur duquel toutes les forces politiques peuvent entrer, même si elles ont entre elles des différends.

Concernant la révolte, je m'exprimerai à titre personnel, en tant qu'analyste. Si le CNS s'est énergiquement employé à rassembler toutes les composantes de l'opposition, ses positions sur les grandes questions en cours ne sont pas encore arrêtées, même si des groupes de réflexion y travaillent.

Deux questions fondamentales se posent. D'abord, soutenons-nous la révolte armée ? La réponse est non, mais face à la situation sur le terrain et la répression qui radicalise la rue, il faut trouver les arguments et les actes qui donnent de l'espoir aux manifestants et permettent d'éloigner la tentation du recours aux armes. Deuxièmement, souhaitons-nous une intervention militaire ? Le Conseil demande la protection des populations civiles et celle-ci passe par divers moyens possibles dont aucun n'a encore pu être mis en oeuvre

Cela étant, plusieurs éléments de consensus se dégagent à la fois au sein du CNS et sur le terrain : l'absence de dialogue possible avec le pouvoir en place ; le soutien à la révolte pacifique ; le refus de statuer sur une intervention militaire sans une longue discussion préalable – sachant que la population demande une protection internationale et nous presse de cesser de dire que nous ne voulons pas d'intervention.

Cela constitue pour nous un défi, car il n'y a pas au sein du CNS de soutien à l'intervention militaire, à supposer que celle-ci nous soit proposée. La réponse à cette question est retardée de quelques semaines, tant que nous n'avons pas la garantie d'obtenir une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en ce sens et des mesures plus sévères à l'égard du pouvoir. Il y a donc une tension importante entre le terrain qui appelle à cette intervention et le CNS.

Nous devons examiner comment appliquer le principe de la responsabilité de protéger sans que cela ne se traduise par un scénario de type libyen, que personne ne souhaite au sein du CNS. Certains sont en faveur de l'envoi d'observateurs internationaux sur place, mais nous doutons que le pouvoir les accepte. Nous sommes donc pour l'instant en décalage par rapport à la demande et aux besoins de la population civile.

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