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Intervention de Jean-Luc Hees

Réunion du 14 décembre 2011 à 9h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Jean-Luc Hees, président de Radio France :

Les questions posées ont trait à des aspects vitaux de notre fonctionnement.

En ce qui concerne la convention collective, il est vrai que nous avons pris du retard. La précédente convention est devenue caduque un mois après mon arrivée, ce qui a suscité de l'anxiété, un sentiment que je peux comprendre car j'ai longtemps travaillé dans cette maison, qui ignore l'emploi précaire. Or cette négociation est complexe, car elle concerne différentes catégories de personnels : les personnels techniques et administratifs ou PTA, les journalistes et les musiciens. Son rythme d'avancement n'est donc pas rapide, mais en disant cela je ne fais qu'exprimer ma position de gestionnaire d'une grande maison qui souhaite, naturellement, que les choses aillent plus vite. Comme vous le savez, nous sommes parvenus à un accord avec les journalistes. Pour faire oeuvre de transparence, nous l'avons soumis à un référendum interne, qui a été positif, puisque les deux plus grandes organisations syndicales l'ont signé. Au bout de huit jours, trois autres organisations, moins représentatives, ne syndiquant pas des journalistes, ont fait valoir leur droit d'opposition, le texte devenant alors « nul et non écrit ». Depuis lors, nous avons essayé de relancer cette mécanique complexe et, pour aboutir à un compromis, je n'hésite pas à faire valoir, auprès de mes interlocuteurs, la situation – difficile – du contexte économique d'ensemble et de nos finances publiques. Comme il vaut mieux tenir la proie plutôt que l'ombre, il faudrait, à mon avis, revenir sur ce texte, quitte à l'amender à la marge ; j'espère, à cet égard, que la porte n'est pas fermée. S'agissant plus particulièrement des PTA, la négociation continue, étant précisé que nous devons respecter une date butoir, fixée à octobre 2012.

En ce qui concerne les conséquences financières de cette négociation, elles ont été intégrées dans le COM. Je tiens d'ailleurs à saluer l'attitude de notre actionnaire, qui a bien compris les enjeux de ce chantier.

La rénovation des sites internet de l'ensemble des antennes a été accélérée. Pour France Bleu, la situation est plus difficile car il y a 43 antennes. Il convient donc de mutualiser les moyens.

S'agissant de la RNT, ce sujet est, à mes yeux, fondamental. En effet, cette question concerne bien autre chose que la forme ou la dimension des « tuyaux » de diffusion. Elle recèle des enjeux de service public, voire philosophiques, tout à fait importants. Or trop souvent on se perd, en abordant cette problématique sous un angle excessivement technologique ou « technophile » alors que l'essentiel est que la RNT permettrait de garantir l'accès gratuit et anonyme de 100 % des auditeurs à toutes les radios. En outre, ce nouveau média permettrait de réduire de moitié les coûts actuels de diffusion. Mais l'investissement de départ dans un tel domaine représente un réel effort. En outre, la coexistence, inévitable au départ, de deux modes de diffusion a un coût. Enfin, il faut nous assurer de l'adhésion du public, ce qui suppose l'installation de centaines de récepteurs numériques, une exigence que la France est loin de satisfaire.

Force est de constater que nous n'avançons pas sur ce dossier, contrairement aux Allemands, qui ont lancé la RNT en août dernier, aux Anglais ou aux Belges. Il est tout de même surprenant que l'automobiliste français qui franchit une frontière ne puisse plus entendre la radio qu'il aime écouter.

Je sors sans doute de mon rôle en affirmant qu'il nous faut prendre rapidement des décisions dans ce domaine, à l'heure où tous les responsables soulignent l'importance des enjeux numériques et industriels pour notre pays. Je sais aussi qu'il s'agit d'un dossier complexe, où le choix de la norme suscite des débats techniques et les intérêts économiques ne convergent pas nécessairement. Sur ce dernier point, certains essaient d'éviter l'ouverture du marché à de plus petits éditeurs. Tout ceci m'incite à dire qu'il faut prendre, dans les plus bref délais, de la hauteur sur ce sujet essentiel.

S'agissant de la fusion éventuelle de la radio et de la télévision, c'est une question à laquelle je ne pense pas pouvoir vous répondre avec tout le recul nécessaire. J'ai en effet de grandes difficultés à concevoir la fin de la radio : je l'ai dit, en France, ce média rassemble, chaque jour, 43 millions de clients. À chaque fois que radio et télévision se sont mêlées, je n'y ai, en tant qu'auditeur et téléspectateur, jamais trouvé mon compte et j'ai des exemples assez précis. J'observe, à cet égard, un certain désenchantement chez mes confères de la Radio Suisse – où j'ai travaillé pendant de nombreuses années –, un service d'une qualité exceptionnelle qui a été absorbé par la télévision, média qui a des « tentacules ».

Il faut le dire : la radio rend un service unique et ce média, contrairement à certaines idées reçues, a un « avenir fou ». Je rappelle d'ailleurs que nous avions tenu à célébrer en 2010, sur nos antennes, l'anniversaire de l'appel du 18 juin, car il s'agit d'un événement de radio.

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