Le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française, que je préside depuis onze ans et dont Fabienne Blanchet est la directrice, a été créé il y a une cinquantaine d'années. Son objectif a toujours été de donner aux pharmaciens les moyens d'agir dans le domaine de la santé publique, à travers la prévention, l'éducation pour la santé et l'éducation thérapeutique. Quatre millions de personnes fréquentent quotidiennement les officines qui, partout sur le territoire, assurent un rôle de conseil auprès des patients préalablement à la consultation. Commission permanente de l'Ordre des pharmaciens, qui le finance, le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française s'appuie sur les grandes agences, telles que l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé ou l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, ainsi que sur de grandes associations, comme la Ligue nationale contre le cancer et la Fédération française de cardiologie. Par son indépendance – notamment à l'égard des industries de santé –, notre organisation s'est acquis une légitime réputation d'objectivité et de qualité. J'assume pour ma part mes fonctions de président de façon bénévole. Le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française travaille en outre en symbiose avec l'Académie nationale de médecine et l'Académie nationale de pharmacie, auxquelles j'appartiens.
Les pharmaciens sont très désireux de participer à la prévention, ainsi qu'à l'éducation pour la santé et à l'éducation thérapeutique. Celle-ci suppose une action collective, comme l'illustre le titre d'un numéro récent du Journal de l'Ordre des pharmaciens : « Coopération entre les professionnels de santé. Le patient, centre de la chaîne de soins ». Cette coopération associe non seulement les médecins et les pharmaciens, mais aussi les biologistes : n'oublions pas que 85 % des 4 000 laboratoires privés et 50 % des laboratoires en milieu hospitalier sont dirigés par des professionnels ayant une formation de pharmacien.
Ouvert il y a deux ans, notre site internet est régulièrement mis à jour en fonction de l'actualité de la santé publique ; un certain nombre de médecins le consultent aussi. Les pharmaciens peuvent commander par ce biais les documents relatifs aux campagnes de prévention ; ils les reçoivent en vingt-quatre ou quarante-huit heures. À titre d'information, je vous transmettrai une copie de notre rapport d'activité de 2010.
Notre rôle est de donner aux pharmaciens les moyens d'informer le public sur les campagnes de prévention. Mme Agnès Buzyn, présidente de l'Institut national du cancer, a récemment déclaré que les pharmaciens jouaient un rôle essentiel pour faire passer les messages de prévention, et que les campagnes de dépistage du cancer s'appuyaient sur eux. De fait, les pharmaciens d'officine connaissent souvent bien les familles, notamment en province : ils peuvent les informer, en particulier sur cet élément essentiel de la prévention qu'est la vaccination. Les campagnes parfois menées contre les vaccins sont très dommageables : médecins et pharmaciens doivent agir pour assurer une meilleure couverture vaccinale car notre pays est à la traîne en ce domaine ; aussi publions-nous tous les ans des informations issues du Bulletin épidémiologique.
Les pharmaciens peuvent agir dans plusieurs domaines où les interventions restent insuffisantes, comme les addictions et le tabagisme. Le tabac est, avec l'alcool, la drogue la plus nocive. Il est donc impératif de renforcer la lutte en ce domaine : c'est l'objectif de l'Alliance contre le tabac, dont le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française fait partie. Il est regrettable à cet égard que les pharmaciens ne puissent délivrer des substituts nicotiniques : pour se les faire rembourser, les patients doivent en effet s'en faire prescrire par les médecins sous forme de cure.
Les pharmaciens participent tous les ans aux campagnes de dépistage du cancer du sein et militent en faveur d'un dépistage plus systématique du cancer colorectal ; l'Académie nationale de médecine, par mon intermédiaire, a fait plusieurs recommandations à ce sujet. Il faut savoir que le test Hémoccult donne 40 % de faux résultats positifs et 50 % de faux négatifs : ce n'est bien entendu pas satisfaisant pour un cancer qui tue plus de vingt mille personnes tous les ans, d'autant qu'il existe des méthodes immunologiques recommandées par la Haute Autorité de santé et par l'Institut du cancer, mais qui ne sont toujours pas appliquées en raison de l'opposition de certains groupes de pression. Par principe, les pharmaciens participent aux campagnes de dépistage de ce cancer, mais des progrès sont assurément nécessaires pour en améliorer la prévention, de même que celle des autres cancers. Des campagnes relatives à la vaccination contre le cancer du col de l'utérus ont ainsi été lancées ; mais, pour cette maladie, la vaccination ne suffit pas : il faut un suivi régulier.
Le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française fait également diffuser dans les pharmacies – à raison de six par an, soit une tous les deux mois – des affiches comportant des messages de santé publique, sans aucun aspect commercial. Elles ont beaucoup de succès auprès des patients et les incitent à pousser la porte des officines pour se procurer les documents explicatifs correspondants.
Comme le souligne le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales de juin 2011, les pharmaciens désirent s'engager dans la prévention : selon une enquête, 96 % d'entre eux souhaitent participer au dépistage du diabète, 97 % à celui de l'hypertension artérielle et 92 % au suivi vaccinal.
D'une façon générale, la France est la plus mauvaise élève en Europe pour la prévention, puisqu'elle n'y consacre que 5 % à 6 % du budget de la santé, contre 7 % à 10 % dans les autres pays. Les priorités variant d'une région à l'autre, nous souhaitons que chaque agence régionale de santé réserve à cette politique un budget spécifique et non fongible.