Le rôle des pharmaciens d'officine dans la prévention et le dépistage, bien qu'il soit souvent contesté, est clairement établi et défini par la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires. Ce texte vient d'être renforcé par la loi n° 2011-940 du 10 août 2011 modifiant certaines dispositions de la loi du 21 juillet 2009 précitée, qui leur permet d'intégrer les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires. Enfin, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2012 a inclus dans le champ conventionnel certaines actions de dépistage réalisées par les pharmaciens, ce qui contribuera à mieux organiser la prévention en liaison avec les caisses d'assurance maladie, et a autorisé des rémunérations spécifiques, jusqu'ici exclues.
Cette base législative claire est d'autant plus utile que, comme l'ont montré quelques auditions de directeurs d'agences régionales de santé, notamment d'Île-de-France et des Pays de la Loire, certains réflexes corporatistes, chez les médecins, rendent parfois difficile la coordination des actions de prévention.
En tout état de cause, les pharmaciens sont déjà acteurs de la prévention : ils peuvent désormais vendre des médicaments d'accompagnement du sevrage tabagique sans que ceux-ci aient fait l'objet d'une prescription, ou des vaccins anti-grippaux, ainsi rendus éligibles au remboursement avant même leur prescription. La profession avait également pris, il y a vingt-cinq ans, des initiatives fortes en matière de lutte contre le sida et l'hépatite, en distribuant par exemple des « stéribox » aux toxicomanes. Avec la distribution de la pilule du lendemain, venant après celle du préservatif, elle a encore montré son implication dans un problème qui, au-delà de son aspect médical, est un problème de société. Enfin, dans le cadre de la prévention des risques nucléaires, les pharmaciens se sont vu confier la distribution de comprimés d'iode aux populations qui vivent à proximité des centrales.
D'autres actions de prévention moins connues ont été menées, notamment au niveau local comme en région Rhône-Alpes : l'information des populations sur l'ambroisie et ses effets puissamment allergisants ou la prévention, en coopération avec certaines compagnies d'assurance, des risques de maladies cardiovasculaires ou le suivi du calendrier vaccinal. Ces initiatives exigent de la conviction car elles sont parfois mal comprises, notamment en Île-de-France.
Les quatre millions de contacts quotidiens établis par les pharmaciens sur l'ensemble du territoire sont précieux pour le suivi des patients, particulièrement des plus précaires, qui fréquentent peu les cabinets médicaux. Nous pouvons ainsi nous engager dans la prévention et le dépistage de pathologies mal détectées – cholestérol, diabète ou hypertension – et dont les effets sont d'autant plus graves que les patients peuvent ignorer longtemps qu'ils en sont atteints. Comme le soulignait M. le rapporteur, les pharmaciens entendent bien jouer tout leur rôle, notamment dans l'accompagnement de ces patients souffrant de maladies chroniques, comme le leur permet le statut de pharmacien correspondant.
Le réseau pharmaceutique a le double avantage d'être réparti de façon homogène sur tout le territoire et composé de professionnels déjà présents sur le terrain : s'appuyer sur lui est donc peu coûteux lorsqu'il s'agit, par exemple, de rectifier certains messages d'une campagne de prévention. Les pharmaciens ont par ailleurs noué des collaborations avec l'assurance maladie, avec les assureurs – le groupe Allianz pour la prévention des risques cardiovasculaires, par exemple – et, bien entendu, avec les instituts et agences sanitaires.
La prévention doit selon nous reposer, non sur la concurrence, mais sur la complémentarité entre tous les professionnels de santé, chacun d'eux disposant d'atouts spécifiques.