Les indicateurs sont issus d'un consensus. Les indicateurs de soins sont centrés sur les pathologies chroniques, avec un volet prévention extrêmement important. Ils ont pour objectif d'améliorer les résultats de santé. Les médecins qui affirment que nous sommes passés d'une obligation de moyens à une obligation de résultats n'ont pas dû lire attentivement la convention. Celle-ci ne prévoit pas une obligation de résultat, mais les médecins doivent s'intéresser aux résultats de leur patientèle en termes de santé publique. Et s'ils ne le font pas, ils ne devront pas se plaindre si un jour on confie ce travail à un autre acteur ! Étudier les résultats, faire sa propre évaluation en vue de les améliorer, c'est le travail normal de tout professionnel. Et il faut commencer par s'intéresser aux gens qui ne font pas d'examens de santé, car c'est le moyen le plus sûr d'accroître fortement les succès de la prévention. S'occuper précocement des diabétiques, pendant les dix premières années de leur maladie, est une nécessité absolue. Il y a vingt-cinq ans, les Britanniques se sont attaqués au tabagisme selon des critères anglo-saxons, c'est-à-dire brutalement, mais le résultat est aujourd'hui spectaculaire : le taux de cancers du poumon baisse chez les hommes et chez les femmes, alors qu'en France, il diminue chez les hommes mais augmente chez les femmes, de sorte que, dans cinq ans, les deux courbes se croiseront. Que fait-on en attendant ? Je proposerai donc à M. Frédéric Van Roekeghem l'introduction d'un indicateur relatif au tabac.
Nous avons discuté et commencé par reprendre ce qui avait déjà été mis en place. Je vous rappelle que 16 000 médecins généralistes l'ont plébiscité contre l'avis du Conseil de l'ordre, de l'industrie pharmaceutique et de certains syndicats. Nous en avons pris acte et avons préféré une gestion commune à une gestion individuelle. Donc, nous avons discuté et, oui, nous sommes d'accord avec tout. Cela dit, le dépistage par la mammographie fera l'objet d'un débat. Si un consensus se dessinait sur le fait que la mammographie n'améliore pas l'espérance de vie des femmes, ce qui serait tout de même étonnant, nous en tiendrions évidemment compte. Quant au dépistage du cancer de la prostate par le dosage de l'antigène prostatique spécifique (PSA), vous connaissez la polémique dont il fait l'objet et il ne figure donc pas au nombre des indicateurs.
Parfois aussi, nous ne comprenons pas l'attitude des pouvoirs publics. Les médicaments contre la maladie d'Alzheimer ne sont d'aucune utilité, ils n'améliorent pas la santé de la population concernée, augmentent sa mortalité, et le service médical rendu a été dégradé par la Haute Autorité de santé. Pourtant ces médicaments restent remboursés – à raison de 280 millions d'euros chaque année ! Nous, médecins, nous demandons donc parfois comment les décideurs analysent l'information disponible. Il faut un peu de courage politique, même si je comprends bien que c'est difficile !
En conclusion donc, monsieur Jean-Luc Préel, nous avons discuté des indicateurs de performance, nous approuvons ceux qui ont été choisis, mais il faudra très certainement les améliorer.