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Intervention de Claude Bronner

Réunion du 1er décembre 2011 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Claude Bronner, président de l'Union généraliste-Fédération des médecins de France :

L'organisation de la prévention en France est à l'image de celle du système de soins : elle foisonne en dispositifs de toute nature, simplement juxtaposés. Mais le médecin traitant, qui est pourtant le premier acteur de terrain, ne dispose pas de vrai rôle. Cela étant, il accomplit des actes de prévention, et en définitive pas si mal que ça !

Si les centres d'examen de santé enregistrent parfois des résultats intéressants, globalement – tous les rapports l'ont montré – ils ne se révèlent pas d'une grande efficacité au regard des sommes investies. La plupart du temps, ils reçoivent des personnes que nous voyons déjà, sauf lorsqu'ils se concentrent sur des publics particuliers comme ils l'ont fait au cours des dernières années au profit des personnes en difficulté. La plupart de mes patients qui passent des bilans de santé n'en ont pas besoin. Il faudrait revoir complètement le dispositif, ce qui libérerait des moyens humains et financiers.

Quant aux dépistages, ils font l'objet de toute notre attention : des experts comme M. Dominique Dupagne ou M. Philippe de Chazournes font partie de notre fédération. Nous estimons que le médecin traitant devrait être le moteur dans ce domaine grâce à un dossier organisé à cet effet.

On peut sans doute discuter de l'utilité de ces dépistages, s'agissant notamment du cancer du sein, pour lequel on a monté toute une procédure qui ne paraît pas d'une efficacité absolue. En ce qui concerne celui de la prostate, nous sommes à peu près tous d'accord avec la Haute Autorité de santé pour dire que le dépistage organisé ne présente pas d'intérêt. Quant au cancer du col de l'utérus, la convention médicale autorisait les gynécologues et les généralistes à facturer à part le prélèvement réalisé au cours d'une consultation, mais on est revenu presque aussitôt sur cette décision intelligente…

S'agissant de la médecine scolaire et de la santé au travail, il faudrait repenser complètement leur fonctionnement en liaison avec les médecins traitants.

La convention médicale est un document complexe qui risque de décourager les médecins de se lancer dans la prévention. Au surplus, le dispositif est fondé sur des éléments discutables. En fait, il n'y a pas eu de négociation sur ce point. On s'est contenté de rénover un peu le contrat d'amélioration des pratiques individuelles de M. Frédéric Van Roekeghem…

Il faudrait d'abord mettre l'accent sur ce qui est le plus utile pour être en bonne santé : avoir une activité physique. C'est de notoriété publique, mais aucune action n'est entreprise.

Deuxièmement, il conviendrait d'assurer un suivi correct des vaccinations : l'être humain est beaucoup moins bien suivi en France à cet égard que l'animal ! Cela fait vingt ans qu'il en est ainsi !

Enfin, l'organisation du suivi de la prévention par le médecin traitant devrait être une priorité.

Le problème tient moins à l'absence de politique de prévention qu'au foisonnement d'actions allant dans tous les sens.

Faut-il des consultations spécifiques de prévention ? À cette question, je ne donnerai pas de réponse tranchée, mais je note qu'on a trop tendance à mener des actions ponctuelles, en s'appuyant sur des organisations importantes, alors que la prévention peut très bien s'inscrire dans une pratique continue – celle du médecin traitant –, complétée par des actions ciblées pour lesquelles il conviendrait de mettre au point des dispositifs afin de toucher les personnes qui ne consultent pas. À cet égard, les visites annuelles du sport sont d'extraordinaires opportunités dont on ne tire pas profit.

Nous estimons donc qu'il y aurait probablement moyen d'agir simplement et efficacement en inscrivant la prévention dans le parcours de soins du patient. Cela supposerait d'en finir avec une culture de l'assurance maladie qui entraîne, soit qu'on y consacre des fonds spécifiques, soit qu'on ne la prend tout simplement pas en charge.

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