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Intervention de Roger Rua

Réunion du 1er décembre 2011 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Roger Rua, secrétaire général du Syndicat des médecins libéraux :

Monsieur le rapporteur, vous avez mis le doigt sur le vrai problème : nous n'avons pas une véritable culture de la prévention dans notre pays ! Si nous avons une excellente médecine curative et si nous faisons de la prévention au jour le jour, ce sont surtout des patients malades qui viennent nous consulter. Or le propre de la prévention est de s'adresser aux bien portants ! Les médecins chinois étaient honorés, dit-on, à proportion du nombre de leurs patients en bonne santé…

Nous n'avons pas de véritable politique en la matière, peut-être parce que les termes « prévention », « santé publique » font peur. Il existe certes des plans nationaux, mais qui ne sauraient suffire : il faut un grand élan, pour une politique de prévention ambitieuse. À défaut, notre système d'assurance maladie connaîtra la faillite que nous essayons de conjurer chaque année avec de plus en plus de difficulté, parce que l'augmentation du nombre de maladies chroniques se poursuivra.

J'attache une importance particulière à la prévention primaire, qui consiste principalement à éviter l'apparition des maladies. Si, pendant longtemps, cette action n'a pas été prise au sérieux, des études scientifiques en démontrent l'efficacité comme dans le rapport rédigé en 2007 par le professeur Jean-François Toussaint pour le compte de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale. Quand on évite 30 % de cas de diabète par ce type de prévention, on en mesure l'intérêt, sachant combien coûte le traitement de cette maladie !

La politique à conduire doit faire la synthèse entre la prévention du risque individuel et la prévention collective, qui est également nécessaire. L'objectif doit être de parvenir à changer les comportements individuels : c'est une mission qui peut être assignée en priorité à la médecine libérale de proximité, parce qu'elle touche une grande partie de la population. Mais, dans la mesure où, lorsqu'elle se fait au cours des consultations habituelles, elle n'est pas dissociée de l'action curative, il faudrait consacrer à cette prévention des consultations spécifiques ; on pourrait les organiser en fonction des tranches d'âge, mais aussi des milieux professionnels et il en faudrait aussi dans les maisons de retraite, car on sait que l'activité physique des personnes âgées permet de réduire leur consommation de médicaments.

Une approche globale, et indépendante de l'action curative est nécessaire : c'est précisément ce qui manque aujourd'hui pour qu'il existe une véritable politique de prévention.

Cette participation des médecins libéraux à la prévention primaire devrait concerner tous les publics : aussi bien les enfants, les adolescents – exposés aux addictions – et les étudiants – souvent oubliés – que nos concitoyens entrés dans la vie active : entre vingt-cinq - trente ans et quarante-cinq ans, certains Français ne consultent jamais de médecin alors que c'est à cet âge que se décident le diabète, l'hypercholestérolémie ou les problèmes cardio-vasculaires de la cinquantaine. Et, comme je l'ai indiqué, dans les maisons de retraite, la prévention primaire pourrait réduire le coût des soins.

La prévention primaire est importante mais c'est celle qu'il est le plus difficile d'imposer, étant donné sa simplicité apparente. La prévention secondaire et la prévention tertiaire ne doivent bien évidemment pas être négligées pour autant, mais elles sont déjà pratiquées au travers des dépistages et de tout ce qui vise à atténuer les complications d'une maladie.

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