Le seul point qui doit nous préoccuper ce matin est le suivant : les conditions à la publication de ce rapport sont-elles réunies ou non ?
Pour y répondre, plusieurs questions sont à soulever. Premièrement, ce rapport est-il opportun ? Nous nous accordons tous sur le caractère prioritaire du sujet de la formation et du recrutement des enseignants. Il s'agit du paramètre qui conditionne le plus l'efficacité de notre système éducatif. Il était donc important que notre commission apprécie les nouvelles modalités du recrutement et de la formation des enseignants, d'autant que, sans parler des 60 000 postes que certains proposent de rétablir, l'Éducation nationale est un recruteur de premier plan. Je rappelle que les personnes recrutées aujourd'hui resteront en poste jusqu'aux années 2060.
De plus, comme la réforme qui est actuellement mise en place a suscité des inquiétudes et polémiques, il était de la mission de l'Assemblée nationale d'apporter l'éclairage des élus et de sortir la réflexion des seuls couloirs du ministère de l'Éducation nationale.
Par ailleurs, ce rapport nous aurait été très utile à plusieurs reprises depuis juillet 2011 : au moment de la discussion budgétaire, lorsque nous avons abordé la question de la formation des enseignants, et même hier, lors de l'audition par le groupe de travail sur les manuels scolaires de différents éditeurs. Pour l'ensemble de ces raisons, il est opportun de publier de rapport.
La deuxième question concerne les modalités de la préparation de ce rapport. Dans cette mission d'information, comme dans toutes les autres, le rythme soutenu des auditions a mis le président-rapporteur en première ligne, tandis que les autres membres on fait de leur mieux pour y assister. Je salue, d'ailleurs, le travail de la mission d'information qui a entendu plus de quatre-vingt-dix personnes dans un climat serein et constructif. Depuis la rentrée, la deuxième série d'auditions de la mission d'information a permis d'actualiser le rapport. Je regrette toutefois que nos collègues de l'opposition l'aient boycottée. Ils ont préféré la crispation plutôt qu'une démarche constructive.
Troisième point, le contenu du rapport est-il honnête intellectuellement ? Il me semble que c'est le cas. En effet, ce rapport ne défend pas la réforme à tout prix et ne rassemble pas non plus des arguments la contestant. Il formule plutôt un bilan contrasté et objectif. Il formule à l'encontre du nouveau dispositif des réserves qui ne sont pas minces : le manque de professionnalisation du master, l'organisation très lourde de la deuxième année du master, qualifiée par le président-rapporteur de « course d'obstacles », la connexion problématique entre le master et le concours, et enfin le caractère discriminant de l'accès au concours au détriment des plus modestes en raison du rallongement de la durée des études. Le rapport a également le mérite de proposer plusieurs améliorations.
Certains points avaient cristallisé en juillet dernier les interrogations, tels la place de l'agrégation dans notre système éducatif et le remplacement du concours par un master. Des réserves avaient été émises sur tous les bancs, ce qui reflète la capacité de notre commission à exprimer des opinions différentes. Si ce rapport avait laissé indifférent, il n'aurait été d'aucune utilité. Il me semble au contraire qu'il sera un outil utile pour le ministère tout comme pour notre commission.
Le rapport a fait l'objet d'une nouvelle rédaction. Elle reprend les préférences du rapporteur, ce qui est compréhensible, sans qu'elles apparaissent pour autant toutes dans les propositions de la mission. L'intégration au rapport des contributions et du compte rendu des débats d'aujourd'hui permettra aux différentes sensibilités de notre commission de s'exprimer.
Le rapport permet au rapporteur d'alimenter la réflexion, sans céder à la pensée unique, tout en tenant compte des points de crispation relatifs à reconnaissance républicaine des mérites. En effet, dans un souci d'apaisement, les deux propositions qui avaient fait débat en juillet dernier ont été retirées.
Ce n'est pas parce que nous sommes favorables à pour la publication de ce rapport que nous sommes favorables à la suppression de l'agrégation, par exemple. S'inscrivant dans la réflexion en cours, ce rapport, à la suite de ceux qui ont été précédemment publiés par notre commission, apporte une pierre à l'édifice. Le groupe UMP votera par conséquent en faveur de sa publication.